A main levée, elle dessine de grands virages pour qualifier son état du moment. Moyen. Barbara Crolow, allemande, est là, sur les bancs du tribunal correctionnel de Paris, avec son mari Reiner et leurs deux déambulateurs. Lui est plié en deux, elle est plus alerte. Ils sont de part et d’autre d’une allée, sur des bancs en plastique dur. Leur fils, Alexander, aurait fêté ses 40 ans cette année : il était dans l’avion Rio-Paris qui s’est écrasé en mer, dans la nuit du 1er juin 2009.
Le procès de ce crash, le plus meurtrier de l’histoire d’Air France – 228 personnes sont mortes –, s’est ouvert ce lundi après-midi. Dans une «configuration un peu particulière», a souligné d’emblée la présidente de la cour. La tenue de ce procès, prévu jusqu’au 8 décembre, s’est en effet jouée sur le fil. En 2019, les juges d’instruction avaient d’abord conclu au non-lieu. Puis la chambre d’instruction, saisie à l’appel des familles de victimes, a tranché l’année dernière en sens inverse, ordonnant ce procès. Deux entreprises sont jugées : Air France, le transporteur et Airbus, le fabricant.
Pot au noir
En ce premier jour d’audience, la salle est pleine, rangée comme un jeu de Tetris : des bancs d’avocats, d’autres d’experts, des parties civiles et quelques places pour les journalistes venus d’un peu partout. Le vol AF 447 transp