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Libération
Panne sèche

Par ignorance ou indifférence, les Français ne donnent toujours pas leur sperme

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Selon l’Agence de biomédecine, les dons de sperme sont largement insuffisants, avec 676 donneurs pour 7 600 demandes en 2023. Levée de l’anonymat, questionnements sur la filiation, méfiance quant aux tests à réaliser mais surtout très peu de connaissances sur le sujet expliquent le peu de mobilisation des donneurs.
Deux conditions sont nécessaires pour donner son sperme: être âgé d'entre 18 et 45 ans et être en bonne santé. (Sebastian Kaulitzki/SPL via AFP)
par Sarah Costes
publié le 13 juillet 2024 à 12h49

Alors que les demandes de PMA explosent avec, fin 2023, près de 7 600 femmes en attente, les donneurs de sperme sont loin de se bousculer. Les chiffres sont même en recul, annonce l’Agence de biomédecine dans son dernier rapport, publié début juillet : en 2023, 676 hommes ont donné leurs gamètes, contre 714 en 2022. «Il faut le double de donneurs pour répondre à la demande inédite depuis que la PMA est ouverte aux femmes non mariées, aux femmes seules et aux couples de femmes», prévient la docteure Claire de Vienne, référente en PMA à l’Agence de biomédecine.

«Je ne sais pas où va aller mon ADN»

La réticence des Français à faire don de leur sperme n’est pas une nouveauté. Selon l’Agence de biomédecine, 70 % des hommes français en âge de donner interrogés sont pourtant favorables au don de gamètes. Sans pour autant franchir le pas. Parmi les arguments qui ressortent le plus, la confusion entre hérédité et parentalité. Ainsi, Grégoire, diplômé en biologie de 29 ans : «Je ne sais pas où va aller mon ADN, ça me ferait bizarre de me dire que j’ai potentiellement un enfant quelque part et de ne pas le savoir, de ne pas le connaître.» Pour Michel, au contraire, l’acte de don représente «une chance d’offrir à des couples ou à des femmes seules un enfant qu’ils n’auraient pas pu avoir». Le chef d’entreprise, qui a