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Parcours victimes, un nouveau site pour «accompagner dans leurs situations» les personnes subissant des violences

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A l’occasion de la journée européenne des victimes, la fédération France Victimes lance ce lundi un nouveau site avec le Fonds de garantie des victimes.
Photo d'illustration. (RinoCdZ/Getty Images)
publié le 22 février 2021 à 17h01

Quelques mois après la création d’une plateforme pour les victimes de violences conjugales, la fédération France Victimes a lancé ce lundi un nouveau site en collaboration avec le Fonds de garantie des victimes. Nommé Parcours victimes, il a pour objectif de venir en aide aux adultes mais aussi aux mineurs ayant subi des violences. Le but étant de les accompagner «dans les principales étapes de leur parcours, depuis les faits subis jusqu’à l’éventuelle indemnisation.» Et ce, «quelles que soient les formes de violences que la victime subit, qu’elles soient physiques, psychologiques (agression verbale, humiliation, harcèlement) ou sexuelles, actuelles ou passées, uniques ou répétées.»

Pour Jérôme Bertin, directeur général de France Victimes, le projet est «ambitieux mais les victimes le méritent».

Pourquoi avoir décidé de créer ce site alors que France Victimes regroupe déjà 130 associations ?

Ce site est un peu différent des sites institutionnels que nous avons. L’idée était de regrouper en un seul site toutes les informations qui seront utiles aux victimes de violences, donc on n’y parle pas que de nous. On les informe sur leurs droits mais on parle également de leur situation, on leur donne des conseils, on leur explique vers qui se tourner. On ne les oriente pas seulement vers le 116 006 de France Victimes, mais aussi vers le 3919 [le numéro de Solidarité femmes, ndlr], le 119 [d’Enfance en danger], vers des psychologues pour se reconstruire ainsi que vers des avocats. L’idée était vraiment de rassembler sur un site ce que nous sommes amenés à faire dans une association lorsqu’on reçoit quelqu’un : on l’accompagne dans sa situation, selon les différentes étapes de son parcours.

D’où vous est venue l’idée de vous associer avec le Fonds de garantie des victimes ?

C’est un partenaire de longue date, avec qui on a fait le constat que beaucoup de personnes ignorent que le réseau France Victimes est déjà là pour les aider. De même pour le Fonds de garantie des victimes qui a une mission différente, celle de les indemniser. Il y avait un non-recours à ces deux organismes et c’est ce qui a occasionné la création d’un site simple, graphique, avec plusieurs outils très utiles pour ceux qui souhaitent aider les victimes ou les professionnels.

Avec ce nouveau site, vous accompagner des adultes et des mineurs. Comment allez-vous faire pour vous adapter ?

Vous avez vraiment une double entrée sur le site : «Je suis un adulte» ou «Je suis un mineur». Le langage pour les mineurs est différent. On s’adresse directement à eux, avec des situations différentes. Par exemple, quand on parle de droit, on est contraint aussi de leur rappeler qu’ils ne peuvent pas se représenter seul. Pour autant, ils ont des droits et ils peuvent faire des signalements eux-mêmes. On rappelle aussi l’existence du 119.

Vous avez pour objectif global d’apporter votre aide contre toutes les violences, n’est-ce pas trop ambitieux ?

Vous savez, l’ADN du réseau France Victimes, c’est d’aider toutes les personnes qui en ont besoin. Nous constatons aujourd’hui qu’il y a quasiment 90% des victimes [de violences] qui ignorent notre existence et qui ne font pas appel à nous. Derrière bien sûr, si c’est nécessaire, nous demanderons des moyens supplémentaires mais il faut commencer par indiquer aux gens que nous sommes là, et puis les moyens suivront. Je l’espère en tout cas. Nous avons néanmoins constaté, concernant les violences sexuelles, que, depuis le mois de janvier, environ 55% de victimes en plus se sont manifestées, notamment au 116 006. Lorsque la parole se libère via des hashtags, des réseaux, la personne a déjà fait une étape importante. Par la suite en revanche, il faut absolument qu’elle soit accompagnée pour ne pas rester seule avec cette révélation. Et nous, on souhaite être là pour elles, c’est ambitieux, mais les victimes le méritent.