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Homophobie

A Paris, l’adolescente morte en sautant du Panthéon aurait subi des «pressions familiales» sur son orientation sexuelle

La jeune fille est morte à Paris, dimanche 11 mai, en chutant du monument historique, après avoir laissé une lettre à sa famille. Elus et associations de lutte contre les LGBTphobies ont réagi à ce drame.
Le Panthéon à Paris. (Riccardo Milani /Hans Lucas. AFP)
publié le 12 mai 2025 à 13h08
(mis à jour le 13 mai 2025 à 17h34)

Une adolescente est morte, dimanche 11 mai en fin d’après-midi, en chutant du Panthéon à Paris, a confirmé le parquet de la capitale auprès de Libération, ce mardi 13 mai. «Le 11 mai en fin d’après-midi, le magistrat de permanence s’est rendu au Panthéon, où la chute d’une jeune fille de 17 ans avait été signalée aux pompiers», a fait savoir le parquet dans un communiqué, qui confirme avoir ouvert une enquête «en recherche des causes de la mort».

«Responsabilité collective»

L’adolescente se serait suicidée en se jetant depuis le toit du monument historique, situé au cœur du Quartier latin, a appris l’AFP de source policière. Depuis, l’accès par lequel est passée la jeune fille a été interdit au public. Le service communication du Panthéon précise qu’elle a «escaladé des barrières pour y accéder». Elle est morte, malgré les soins prodigués par les secours, un peu avant 19 heures. «Le rapprochement a rapidement été effectué avec le signalement par ses parents d’une disparition inquiétante en raison d’un courrier qu’elle aurait rédigé», précise le parquet.

Plus tôt dans l’après-midi, sa mère s’était rendue au commissariat du XIXe arrondissement, pour signaler la disparition inquiétante de sa fille après avoir découvert à son domicile une lettre comportant des propos suicidaires. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’adolescente «aurait subi une pression familiale eu égard à son orientation sexuelle». Vendredi 16 mai, le parquet a réfuté cette thèse, se refusant à apporter de nouvelles précisions. En revanche, «aucun élément ne laisse en l’état supposer l’intervention d’un tiers», affirme le parquet à ce stade.

«Cette tragédie met en lumière la souffrance souvent silencieuse que vivent de nombreux jeunes LGBTQIA +, particulièrement vulnérables face au rejet et à l’isolement», a réagi sur X, l’un des prétendants socialistes à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire. «Mettons en place l’aide et le soutien psychologique nécessaires pour protéger nos jeunes et éviter ces drames. Il est de notre responsabilité collective de créer une société où chaque adolescent peut grandir dans le respect de son identité», a affirmé l’ancien premier adjoint d’Anne Hidalgo.

«Le poids du contexte familial»

D’après les différents rapports de SOS Homophobie, la famille est l’un des principaux contextes de LGBTphobies, allant de la violence physique à verbale (remarques, insultes, etc.). Or, 15 % de ces situations de détresse sont vécues par des jeunes de moins de 24 ans. La preuve, selon la présidente de SOS homophobie, Julia Torlet, que «le poids du contexte familial» reste conséquent.

«Cette jeune fille n’a probablement pas réussi à trouver d’accroche en dehors de son cercle familial, que ce soit ses amis ou dans le cadre scolaire, ce qui est plus grave», commente Julia Torlet, bien que cela reste une hypothèse, l’enquête étant toujours en cours. «Ce drame est symptomatique de mentalités qui peinent parfois à avancer ; de ce qui relève peut-être d’un certain conservatisme», ajoute-t-elle. Un sondage commandé par l’association le Refuge, qui vient en aide aux mineurs LGBT + rejetés par leurs parents, va dans ce sens : en juin 2024, un quart des sondés comprend qu’on n’accepte pas son enfant LGBT + et un tiers qu’on s’oppose à sa transition de genre. Le plus alarmant aujourd’hui, selon Julia Torlet, c’est «qu’on n’est pas encore capable d’accompagner et de protéger ces adolescents».

Mise à jour le 16 mai, à 14 h 50 avec la thèse de la pression familiale sur l’orientation sexuelle rejetée.