Plusieurs mois de débats sur l’encadrement de la chasse qui retombent comme un soufflé. Le gouvernement a enterré ce lundi la piste d’une journée sans chasse. L’annonce en a été faite la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Bérangère Couillard, en déplacement dans le Loiret pour rencontrer des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), qui délivrent les permis et participent à la police de la chasse.
Le gouvernement avait évoqué fin octobre l’idée d’une demi-journée sans chasse, instaurée au niveau local et pourquoi pas national, précisant qu’une interdiction le dimanche n’était «pas un sujet tabou». Cette piste n’a finalement pas été retenue au terme de la concertation publique, alors même que 78 % des Français y étaient favorables, sont un sondage Ifop menée mi-décembre après de 1 000 personnes pour diverses associations de protection de l’environnement. «L’objectif auquel je crois profondément est celui de tendre vers le zéro accident. […] C’est une sécurité renforcée sept jours par semaine que nous recherchons», a précisé Bérangère Couillard.
Application pour les promeneurs
Pour cela, le plan gouvernemental s’articule en trois axes : renforcer la formation et la sensibilisation des chasseurs, instaurer des règles de sécurité renforcées pendant la chasse et mieux assurer le partage des espaces via une meilleure information des usagers de la nature. Concernant la sécurité, le gouvernement prévoit de créer «début 2023 une contravention pour sanctionner l’acte de chasse sous l’emprise excessive de l’alcool puis favorisera la création d’un délit par voie législative». Les sanctions en cas d’accident grave devraient également être renforcées, avec notamment la possibilité d’un retrait du permis de chasse pour une certaine durée avec interdiction de le repasser.
Le gouvernement veut généraliser une formation à la manipulation pratique des armes pour l’ensemble des chasseurs. «Un chasseur sur deux devra être formé d’ici 2025 et tous les chasseurs devront l’être d’ici 2029», est-il indiqué. Les organisateurs de battue (environ 200 000 personnes) auront l’obligation de recevoir une formation spécifique par les fédérations «rappelant notamment les règles de sécurité et les enjeux de communication avec les riverains». Enfin, pour mieux informer les promeneurs et autres usagers de la nature, une plateforme numérique sera mise en place à l’automne pour identifier les zones et les horaires non chassés. Les organisateurs de chasse collective auront l’obligation de s’y déclarer et ces informations seront consultables par les promeneurs sur une application sur smartphone.
Interview
A la veille de ces annonces attendues, Matthieu Orphelin, le directeur général de la Ligue pour la Protection des oiseaux (LPO), avait mis en garde : «Si le plan sécurité chasse se limitait finalement à quelques mesurettes comme l’interdiction de chasser en état d’ébriété ou l’idée d’une application mobile pour que les chasseurs volontaires se signalent, le gouvernement va grandement décevoir les 4 Français sur 5 qui souhaiteraient le dimanche sans chasse».
Selon les chiffres de l’Office français de la biodiversité (OFB), le nombre d’accidents de chasse est tendanciellement à la baisse depuis 20 ans. Néanmoins, pour la saison 2021/22, l’instance avait recensé 90 accidents (blessures corporelles liées à l’utilisation d’une arme de chasse), contre 80 la saison précédente. Parmi eux, huit accidents mortels, dont deux avec des victimes non-chasseurs. Ce week-end encore, un chasseur de 84 ans qui rangeait son arme dans sa voiture s’est tué accidentellement en Haute-Corse. Mis à jour : à 11 heures 45, avec davantage de détails sur le plan du gouvernement.