Thomas (1) n’a pas encore lu le Maître-nageur. En ce mois de février, l’athlétique trentenaire est en vacances au soleil à des milliers de kilomètres de chez lui, et de toute façon il ne ressent aucune appréhension. Pourtant ce livre (sortie prévue le 27 février chez Albin Michel) raconte sa douloureuse histoire et celle de tant d’autres jeunes garçons d’un petit village de l’Eure qui ont été abusés sexuellement pendant des années par le professeur de natation de la piscine municipale. Si Thomas est aussi détendu, c’est que l’auteur de l’ouvrage à paraître est «un ami», raconte-t-il. Bien plus, en fait, l’auteur s’est improvisé conseiller juridique bénévole de la bande de copains d’infortune qu’il forme avec d’autres victimes, Lucas, Vincent, Bruno et Damien. Il fut présent à leurs côtés durant les longs mois précédant le procès et lors de l’audience – vingt-quatre plaignants ont défilé à la barre – qui a abouti en novembre 2019 à la condamnation à vingt ans de prison de Dominique Hébert. Thomas a envers lui une confiance aveugle.

L’auteur est Jean-Charles Le Roux, 67 ans, acteur central bien malgré lui de l’un des faits divers les plus retentissants que la France ait connu. Sa grande sœur, Agnès Le Roux, a disparu au cours du week-end de la Toussaint 1977 à Nice, assassinée par son amant