Depuis des années, Arnaud B. tape frénétiquement les mots «Saint-Thomas-d’Aquin» et «agressions sexuelles» sur sa barre de recherche Internet. En vain. Zéro résultat, zéro concordance. Les recherches se multiplient, «le cauchemar» grandit. Plus ses années au lycée catholique d’Oullins, près de Lyon, de 1988 à 1990, s’éloignent, plus l’ancien élève a l’impression «de vivre un suicide sur le temps long». Il s’«autodétruit» à petit feu. Mais il a la conviction qu’il n’est pas le seul, qu’il y a «forcément» d’autres victimes de ce professeur de français et de ces violences sexuelles.
Quand l’affaire Bétharram explose, et que les témoignages affluent, Arnaud B. ressent alors «le besoin vital de parler». De se libérer, enfin, car il a le sentiment «d’être en train de mourir». Il lance un appel à l’aide sur le groupe Facebook des anciens élèves de cette institution catholique lyonnaise réputée. «Ils m’ont détruit. Suis-je le seul ?» écrit-il. Son message est supprimé à plusieurs reprises : une, deux, puis trois fois. Il insiste. Son témoignage est finalement posté le 27 mars. L’ancien élève raconte comment tout a commencé, au cœur même de la salle de classe du professeur de lettres, Noël V., devant tous