«Qu’est-ce que c’est que ces ruines ? Qu’est-ce que c’est que ces marches ?» (1) On est en avril 1980 et un instituteur de 40 ans est occupé à chasser les ammonites, ces mollusques fossilisés qui sont légion dans la région de Montreuil-Bellay, commune de 4 000 habitants du sud-est du Maine-et-Loire. L’homme à la barbe brune et à la légère calvitie réside ici depuis sept ans. Pourtant, il a beau chercher : on ne lui a jamais causé de ces vestiges situés le long de la route départementale qui s’enfuit vers la Vienne voisine. Une ancienne usine ? Non. Alors quoi ? Pour Jacques Sigot commence une longue quête dont l’aboutissement sera l’ouverture, en 2026, d’un mémorial budgété à 800 000 euros. «Comment expliquer ce si long silence et la gêne provoquée par mon travail ?» se demandait-il en 2011. Cinq ans plus tard, le président Hollande le qualifiera pourtant de «grand historien». Revenons en arrière.
1981 : François Mitterrand est élu président et mettra onze années à faire un premier pas vers la reconnaissance du rôle de l’Etat français dans la rafle du Vél d’Hiv. 1981 toujours : Jean Richard voit débarquer Jacques Sigot, qui deviendra «Tchopa» («Ça veut dire “le portail”, celui qui ouvre, ou “l’abri”, celui qui protège»,