Anna (1) estime être une candidate «malheureuse». Porteuse d’un handicap invisible qu’elle préfère taire par peur du jugement, mais qui lui provoque «une anxiété chronique et une grande fatigabilité», cette docteure spécialisée dans les manuscrits médiévaux de la Bible a échoué à deux reprises au recrutement des chercheurs et chercheuses handicapées du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Une voie d’entrée voulue inclusive, présentée sur le site du CNRS comme en «conformité avec les concours chercheurs de droit commun». Pourtant, à rebours de l’ambition d’un accès à la recherche équitable et exigeant pour les personnes handicapées, Anna a fait l’expérience d’un concours aux critères de sélection «opaques» et «arbitraires». En février, après avoir déposé un recours gracieux, resté sans réponse de l’institution, elle a saisi le tribunal administratif de Versailles (Yvelines) pour contester le rejet de sa candidature.
La carrière d’Anna est grignotée par de nombreuses périodes d’arrêt de travail, en raison de «problèmes de santé liés à [son] handicap». Après avoir soutenu sa thèse