Un par un, sans leurs masques, les voilà qui replongent dans leurs souvenirs. Ils sont plus au moins loquaces, plus ou moins coopératifs. La cour d’assises spécialement composée a achevé, ce vendredi, l’examen de personnalité des quatorze accusés du procès des attentats du 13 novembre 2015. Après cinq semaines consacrées aux témoignages des rescapés et des proches endeuillés, ces hommes jugés pour leur participation à des degrés divers aux attaques ont raconté durant quatre jours leurs enfances, leurs familles nombreuses, leurs errances professionnelles et leurs petits arrangements ordinaires avec la loi. Dans un climat d’écoute apaisé, tous ont déroulé leur curriculum vitæ, confié leur «débrouille», leur addiction au cannabis – «une maladie», dira l’un – ou leur passion pour le foot. Et même une histoire d’amour.
Ordre alphabétique oblige, c’est d’abord un Salah Abdeslam métamorphosé qui s’est plié à l’exercice. Le seul membre encore en vie des commandos terroristes s’est montré affable, loin du visage vitupérant qu’il avait donné à voir aux premiers jours, se revendiquant «combattant de l’Etat islamique». Bien sûr, l’exercice s’est souvent montré frustrant, voire superficiel, comp