Travailleurs de l’ombre, artisans discrets de la vérité judiciaire, ils œuvrent en confidence la plus totale. Leurs prises de parole sont rares, leurs silhouettes inconnues du grand public, d’abord pour des raisons de sécurité. Lors des attentats du 13 novembre 2015, la plus meurtrière attaque que la France d’après-guerre ait connue, la galerie Saint-Eloi – comme on surnomme l’antiterrorisme français – comptait huit juges d’instruction. Pendant plus de quatre ans, six d’entre eux ont enquêté et sué corps et âme sur ce dossier qui les a hantés. Ils ont renvoyé les 20 accusés qui seront jugés à partir de mercredi devant la cour d’assises spéciale.
C’est juste après l’arrestation du logeur des terroristes, Jawad Bendaoud, le 18 novembre 2015, que l’enquête leur est confiée par le parquet antiterroriste, alors sous la houlette de François Molins. Et les premiers éléments font déjà… 47 tomes. A titre de comparaison : 40 tomes pour le dossier Maurice Papon, 100 pour le dossier Yvan Colonna et 127 pour le Mediator. En fin d’instruction ! «On a multiplié par dix la matière physique d’origine. C’est le plus gros dossier de l’histoire, résume le magistrat instructeur David de Pas, coordonnateur du pôle antiterroriste