L’enquête titanesque des juges d’instruction
2 septembre 2021
Quelques jours avant le début du procès, Libé s’intéresse au travail colossal des six magistrats instructeurs – et des six greffiers – chargés, par le patron du parquet antiterroriste François Molins, de faire la lumière sur les faits hors norme survenus le 13 novembre. Ce nombre inhabituel répond aux exigences d’un dossier «complètement exceptionnel», résume Isabelle Couzy, quand Jean-Marc Herbaut se rappelle combien «l’ampleur de l’attaque [les] a tous abasourdis». Conséquences : des milliers de scellés à expertiser, «le nez plongé dans l’ADN toute la journée», du «travail à outrance», des démarches à trouver pour intégrer le nombre massif de victimes… Lire notre article.
La nuit d’horreur à la Belle équipe
1er octobre 2021
Début octobre, les survivants de la Belle équipe, ce bar enfiévré de la rue de Charonne, livrent le témoignage lumineux de cette terrible soirée, ravivant le souvenir de ceux qui les avaient accompagnés ce soir-là. Chloé parle du terrorisme comme d’un «grand nénuphar [qui] grandi [t] dans [son] cœur», cette maladie qui touche l’héroïne de l’Ecume des jours, de Boris Vian. Juliette, qui allait rencontrer pour la première fois Cédric ce soir-là, raconte, toujours exténuée par le traumatisme, raconte l’impossible appel qu’elle n’a pu passer à ses parents. Ambre, serveuse à la Belle équipe, se pose «des questions à la con» : pourquoi son amie Hodda dont elle a gardé le sang sur les mains, et pas elle ? Lire notre récit.
Les «deux vies» de Nino et Marius, pupilles du Bataclan
5 octobre 2021
A quoi aurait ressemblé la jeunesse de Marius si son père n’avait pas été tué le 13 novembre? Lui qui, avec son frère Nino, était au Bataclan quinze jours plus tôt, a témoigné au procès, en octobre 2021. Nino, 21 ans au moment de leur déposition, voulait «montrer [aux terroristes] qu’on est toujours là, qu’ils n’ont pas gagné». Reste «une grosse rupture, très dure, avec l’enfance», une jeunesse volée, privée d’engueulades avec les darons et de sorties en douce. Un séjour en hôpital psychiatrique pour Marius, 17 ans lors de notre rencontre, qui dut composer avec ses crises d’angoisse. A leurs côtés, leur mère, ex-compagne de leur père, leur «warrior», mais également une autre ex-compagne et celle qui l’accompagnait au Bataclan. Un socle structurant qui vient s’ajouter à celui de pupille de la Nation, «petite béquille financière» et symbolique. Lire notre article.
Récits du Bataclan, une douleur projetée à l’infini
13 octobre 2021
Au cœur du mois d’octobre, une centaine de personnes seront venues faire le récit de leur soirée du 13 novembre au Bataclan, à raison de quinze à dix-huit rescapés ou proches endeuillés par jour, venus énumérer «les cicatrices de peau, de cœur et de l’âme». Autant de témoignages d’une foule unie dans la sueur et la musique, fragmentés par l’horreur, qui racontent les «bruits de pétard», ces corps qui, dans la fosse, «tombent comme des dominos», ce voisin de salle qui offre son corps de 120 kg comme bouclier, cette impression «lamentable» que leur laissent les terroristes. Et cette certitude qu’«il y a autant de 13 novembre que de victimes». Lire notre récit.
Webradio du procès : «Il n’y a pas ce truc anxiogène d’être proche des accusés»
21 octobre 2021
A Montpellier, David Duperron, frère de Thomas, victime des attentats et mort des suites de ses blessures, partage son quotidien entre télétravail et suivi des audiences sur la webradio du procès, réservée aux 2000 parties civiles. Un dispositif inédit dans l’histoire judiciaire française. Notre article.
Alain Valette et Patrick Jardin, deux pères aux deuils discordants
27 octobre 2021
Se sont succédé à la barre Alain Valette et Patrick Jardin, dont les enfants sont morts après ou lors des attentats du Bataclan. Ils ont illustré tour à tour l’impossibilité de surmonter la douleur, qu’elle se traduise par le suicide ou par une haine assumée. Notre article.
Molenbeek, six ans après
1er novembre 2021
Malgré des projets urbains, à l’image d’un projet de reprise du café des Béguines, tenu par les frères Abdeslam, et une amorce de gentrification, le passé colle toujours à la peau de la commune bruxelloise, toujours vue comme le «berceau» des terroristes de Paris et Saint-Denis. En plein procès du 13 Novembre, Libération est parti à la rencontre des habitants, solidaires mais méfiants, d’une commune dont, pour résumer le propos de la juge antiterroriste bruxelloise Isabelle Panou, «tout le monde parle [mais] personne n’y va». Lire notre reportage.
En images : Bataclan, leur vie d’après
12 novembre 2021
Ambre La Gollut, devenue chanteuse après avoir traversé l’attaque de la Belle équipe. Bruno Poncet, engagé dans le syndicalisme auprès de Sud. Rémi Gliozzo a quitté le milieu de l’assurance pour créer sa propre entreprise, dans le monde de la bière. Gaëlle a embrassé le milieu de l’ergothérapie après en avoir reçu les bénéfices lors de sa rééducation. Ismaël El Iraki a trouvé dans son expérience du Bataclan la force de réaliser Burning Casablanca, son premier film. Guillaume Delmas, a commencé à tourner des documentaires. Découvrir notre diaporama.
L’ambiguïté du père de Samy Amimour
7 décembre 2021
Azdyne Amimour est-il réellement allé en Syrie pour ramener son fils, mort en kamikaze au Bataclan ? C’est ce qu’il défendait dans un livre paru en 2020 et coécrit avec Georges Salines, père d’une victime des attentats du 13 novembre. Il racontait s’y être rendu en 2014 pour tenter de rapatrier son fils Samy, parti en Syrie en 2013. Mais ce récit, abondamment commenté en 2015, un an après que le Monde s’en était fait l’écho, se heurte à la garde à vue d’Azdyne Amimour dans les murs de la DGSI, où le sexagénaire assure avoir menti pour rassurer sa femme, indiquant toutefois s’être rendu en Turquie dans l’espoir de voir son fils. Pour finalement, auprès de Libé, assurer qu’il était bien allé en Syrie, mais qu’il l’avait nié devant la DGSI. Lire notre article.
Convoyeur de la mort, l’étrange ouvrage d’Etty Mansour sur Salah Abdeslam
6 février 2022
Sous le pseudonyme d’Etty Mansour, que Libé a rencontrée aux abords du Stade de France, un pavé de 600 pages, enquête hybride très documentée mais agressivement subjective vendue comme un livre événement à l’ouverture du procès, se vantant de sonder l’âme de l’accusé Salah Abdeslam. Exclusivité du livre : une rencontre avec Nour, alias Yasmina K., la fiancée de Salah Abdeslam, rencontrée à Molenbeek. L’autrice quadragénaire, qui avait jusqu’alors publié quelques romans et de la poésie érotique, livre, selon les avis, un travail affreusement égocentré pour les uns, «fin, approfondi» pour les autres, abordant Abdeslam «par tous les bouts», dans le but d’inscrire le jihadisme européen dans l’histoire des totalitarismes. Lire notre article.
Abdeslam, la carte du pardon
15 avril 2022
Après des mois de procès entre mutisme, maladresse et provocation, le seul survivant des commandos du 13 Novembre fendille enfin l’armure. L’après-midi du vendredi 15 avril, Salah Abdeslam saisit sa dernière chance d’être entendu et présente ses «condoléances» et ses «excuses à toutes les victimes», les implorant de le pardonner. «Je sais que ça ne va pas vous guérir, mais je sais que la bonne parole peut faire du bien.» Une prise de parole éloignée de celui qui s’était présenté comme un combattant de l’Etat islamique au début du procès, plus proche du jeune homme qui confiait avoir refusé de tuer «ces gens en train de danser, de rigoler». Lire notre article.
La fin du concert des Eagles of Death Metal
27 avril 2022
Six ans après leur dernier concert à Paris, en février 2016, le groupe présent sur scène lors de l’assaut du Bataclan faisait son retour sur une scène de la capitale, à l’Olympia. Enfin, seulement Jesse Hughes, unique membre de la formation présent le soir du 13 novembre. En cette fin du mois d’avril 2022, les équipes psychologiques ne sont plus là, la fosse peu remplie (1 000 spectateurs), mais l’énergie est bien là. S’y mêlent des visages connus des prétoires du procès, dans un cocktail aux saveurs uniques pour chaque spectateur. Lire notre reportage.
Les plaidoiries des parties civiles
30 avril 2022
Comment dire tout de la douleur, du voyage d’une «nuit en barbarie», qui plus est en passant après leurs clients qui, de leurs mots, leurs silences ou leurs larmes, ont déjà tissé un récit insurpassable de puissance et d’émotion ? C’était la mission quasi-impossible des avocats des parties civiles, entamée le 23 mai. A cent voix et pendant une semaine, ils ont tenté, radieux ou maladroits, d’ajouter des mots, des témoignages, à un procès déjà riche. Lire notre article.
Les «très lourdes» réquisitions
10 juin 2022
A l’issue de trois jours d’un réquisitoire choral, les représentants du ministère public ont énoncé, vendredi, les peines réclamées contre les vingt accusés. La réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible a été requise contre Salah Abdeslam. Notre article.
Les derniers mots des accusés
27 juin
Les accusés ont eu la parole en dernier ce lundi matin avant que la cour d’assises spécialement composée ne parte délibérer. Certains ont présenté leurs excuses aux victimes, d’autres ont gardé le silence ou se sont montrés acerbes, comme Salah Abdeslam, qui a clamé : «Si vous me condamnez pour assassinat, vous commettrez une injustice.» Notre article.
Mise à jour le 28 juin à 14h38 : ajout de quatre articles.