Officiellement, c’est toujours une tuerie sans coupable. Soixante ans après le massacre du 17 octobre 1961, la responsabilité des institutions, et notamment de la préfecture de police de Paris, n’a jamais été reconnue par l’Elysée. En 2012, le communiqué de François Hollande tenait en 42 mots : «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.» Une première pierre. En 2018, Emmanuel Macron s’exprime à son tour : «Le 17 octobre 1961 fut le jour d’une répression violente de manifestants algériens. La République doit regarder en face ce passé récent et encore brûlant.» Regarder en face, mais pour l’heure sans nommer les auteurs.
Archives ouvertes, bouche cousue
Face à cette cécité, que reste-t-il de la mémoire policière de l’événement ? Après des décennies de silence, plusieurs policiers ont témoigné auprès des historiens des atrocités commises cette nuit-là. A l’aube du soixantenaire, la plupart des agents de l’époque sont morts. Pour trouver des détails sur cet événement, il n’est pas utile d’aller au musée de la préfecture de police de Paris, dans le centre de la capitale. La répression