Comment oublier cette image ? En juillet 2018, le Monde révélait que l’homme des forces de l’ordre coiffé d’un casque à visière filmé le 1er Mai en train de frapper un manifestant sur la place de la Contrescarpe, à Paris, n’était pas un policier mais un chargé de mission à l’Elysée. Son nom : Alexandre Benalla. Bientôt trois ans après le scandale politique, le tribunal correctionnel de Paris a annoncé ce mardi qu’il serait jugé à partir du 13 septembre et jusqu’au 1er octobre pour ces violences. L’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron sera jugé en même temps pour avoir utilisé frauduleusement des passeports diplomatiques pendant plusieurs mois après son licenciement de l’Elysée. Le tribunal a ordonné la jonction des deux affaires pour une «bonne administration de la justice».
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L’affaire «Benalla» a largement empoisonné la première partie du mandat d’Emmanuel Macron. L’opposition avait émis de vives critiques sur la gestion des services de sécurité de l’Elysée. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire dès le 19 juillet, au lendemain de la publication de l’enquête du Monde et Alexandre Benalla avait été licencié par l’Elysée le lendemain. Le procès se tiendra devant la 10e chambre correctionnelle les après-midi du 13 au 16 septembre inclus, du 22 au 24 septembre inclus, puis du 27 septembre au 1er octobre inclus.
Un ex-salarié de LREM attendu à la barre
L’ancien chargé de mission à l’Elysée, aujourd’hui âgé de 29 ans et reconverti dans le privé, comparaîtra dans un premier temps pour «violence en réunion, immixtion sans titre dans l’exercice d’une fonction publique, port d’arme, usage public et sans droit d’un insigne, violation du secret professionnel et divulgation d’images de vidéoprotection». Il ne sera pas seul à la barre. A ses côtés, Vincent Crase, ex-salarié de La République en marche, devra répondre de «violence en réunion, usage public et sans droit d’un insigne, port d’arme prohibé et suppression de données».
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Alexandre Benalla et Vincent Crase, mis en examen et placés en détention provisoire pendant une semaine en février 2019, soutenaient avoir aidé les forces de l’ordre à interpeller des manifestants qui leur jetaient des projectiles. Mais la juge d’instruction chargée de ce dossier a estimé que leur intervention «n’apparaissait pas nécessaire» et ordonné leur renvoi devant le tribunal correctionnel. Les investigations ont permis d’établir que l’ex-collaborateur de l’Elysée avait molesté un couple place de la Contrescarpe et deux personnes au Jardin des plantes.
Deux anciens hauts gradés de la préfecture de police de Paris, soupçonnés d’avoir remis à Alexandre Benalla les images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe, seront pour leur part jugés pour «divulgation d’images de vidéoprotection et violation du secret professionnel».
Concernant le second volet, Alexandre Benalla sera jugé pour «faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d’un insigne» : pendant plusieurs mois après son licenciement de l’Elysée, il avait continué à voyager avec des passeports diplomatiques. Il détenait en outre un passeport de service obtenu frauduleusement selon l’accusation. Une enquête avait été ouverte le 29 décembre 2018 par le parquet de Paris.
Trois autres procédures judiciaires
Mais les déboires judiciaires d’Alexandre Benalla ne s’arrêteront pas là. Outre ces deux affaires, trois autres procédures le concernant sont toujours en cours à Paris. La première, placée sous l’égide du Parquet national financier (PNF), porte sur des soupçons de «corruption» dans un contrat passé entre l’entreprise de Vincent Crase, Mars, et un sulfureux oligarque russe.
La deuxième, confiée en novembre 2019 à un juge d’instruction, concerne le mystérieux coffre-fort que l’ex-chargé de mission possédait à son domicile pour stocker ses armes, et sur le contenu d’un autre coffre dans son bureau à l’Elysée. Alexandre Benalla est soupçonné d’avoir dissimulé des preuves dans le cadre de l’enquête sur les violences du 1er Mai.
Enfin, le parquet de Paris enquête depuis avril 2019 sur des soupçons de «faux témoignage» devant la commission d’enquête du Sénat. Une procédure pour «manquement aux obligations déclaratives à la HATVP», la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, a en revanche été classée sans suite en février 2020.