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AP-HP

A Bondy, les plaies à vif de l’unité médico-judiciaire

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Détresse, manque d’effectifs, locaux inadaptés… Les personnels de la «clinique des violences» de la Seine-Saint-Denis, spécialisée notamment dans la prise en charge des victimes de viols, dénoncent des conditions de travail indignes malgré l’importance de leur mission.
Le professeur Patrick Chariot à l'hôpital Jean Verdier. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
par Anaïs Coignac et photo Cyril Zannettacci. Vu
publié le 25 février 2021 à 21h21

A l’unité médico-judiciaire de Bondy (UMJ), «la clinique des violences» de la Seine-Saint-Denis, on ne sait plus bien qui des patients ou des soignants méritent d’être examinés. L’ambiance, déjà pesante des lieux, s’est chargée d’un mal-être profond, prêt à exploser. «Notre service fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On tourne comme des fous sans aucun soutien de la direction. Là on craque les uns après les autres», lâche le doyen, le docteur Mohamad Mehdi, entre deux appels téléphoniques. Depuis novembre, ils sont 7 médecins (6,7 équivalents temps plein) sur les douze financés par les ministères de la Justice et de la Santé, pour tenter d’accueillir les victimes de violences et les gardés à vue de tout le département, l’un des plus pauvres et violents de France.

Aucun des deux docteurs partis en congé maternité et en mobilité à l’automne n’a été remplacé. Et une candidature inespérée a même été éconduite par la direction. La moitié de l’effectif porte aujourd’hui à bout de bras l’unité médico-judiciaire la plus importante de France après l’Hôtel-Dieu à Paris. L’équipe, composée également d’infirmières, de psychologues, d’accueillants, d’internes et de secrétaires, a pratiqué 24 000 actes cliniques en 2020. Et depuis 2014, elle est devenue pionnière en ouvrant ses portes à toutes les victimes de viols sorties des radars, ces 90 % qui ne déposent jamais plainte. Pour celles-là, plus besoin de passer devant un policier ou un juge pour être reçues et e