Les tirs visaient «un point de deal» situé sous ses fenêtres. Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme de 55 ans a été tué par balles alors qu’il se trouvait dans son appartement de Dijon, après plusieurs rafales de coups de feu tirés sur la façade de son immeuble. L’homme semble «être une victime bien dramatique et bien malheureuse qui n’a été touchée que par le fait qu’elle habitait à proximité immédiatement au-dessus» d’un «point de deal», a déclaré le procureur Olivier Caracotch lors d’une conférence de presse dimanche après-midi.
Selon le récit du parquet, «au moins deux» individus circulant en voiture ont effectué «plusieurs tirs d’armes à feu sur la façade» de l’immeuble situé dans le quartier sensible de Stalingrad, dans le nord-est de Dijon. Selon les premiers éléments de l’enquête, une balle perdue a alors touché l’homme, qui dormait dans son appartement, avec son épouse et ses deux enfants. Il a été «mortellement atteint alors qu’il était allongé dans son lit», a précisé le procureur. Les tireurs présumés sont toujours en fuite.
«Mon père et moi, avec ma mère, on a été réveillé par une succession de coups de feux puis ça s’est arrêté. Puis ça a repris, et quand on est allé voir mon père qui dormait dans son lit, il était mort», a déclaré sur place à l’AFP sa fille, âgée de 23 ans, qui a souhaité garder l’anonymat.
«C’est inacceptable qu’une personne soit tuée, victime collatérale des points de deal», a déclaré le maire socialiste de Dijon, François Rebsamen, évoquant une «famille respectable qui n’a jamais eu de problème».
La Direction territoriale de la police judiciaire (DTPJ) a été saisie, selon le parquet. La CRS 8, l’unité de CRS spécialisée dans le maintien de l’ordre, va être envoyée à Dijon, a indiqué le ministère de l’Intérieur, ce dont s’est félicité le préfet de Bourgogne-Franche-Comté, Franck Robine, qui a dénoncé une affaire «grave» et «inédite».
Problèmes «réguliers»
«C’est un point de deal, ça fait depuis longtemps que c’est comme ça», a témoigné un voisin, qui n’a pas voulu donner son nom. Un autre voisin d’une cinquantaine d’années a déclaré : «Ça fait depuis longtemps qu’ils viennent ici chercher de la coke, c’est un vrai business, ils font la queue depuis 10 heures du matin.» Plusieurs habitants de l’immeuble ont confirmé sous couvert de l’anonymat des problèmes «réguliers» avec des dealers et consommateurs.
Quelques années auparavant, la façade de l’immeuble de cette famille kosovare, arrivée en France il y a 14 ans, avait déjà été touchée par des balles, selon la fille de la victime, qui a estimé qu’il s’agissait «sûrement d’un règlement de comptes». Le procureur a confirmé qu’il «y avait déjà des incidents» sur ce point de deal «pas très actif mais référencé», sans pouvoir préciser si l’appartement avait déjà été touché. «J’aimerais que la France protège mieux ses habitants», a déclaré la fille de la victime sous le choc et en larmes, affirmant vouloir «quitter Dijon».
Mise à jour vers 17 heures avec les nouveaux éléments du parquet.