C’est comme être au bord d’un gouffre. L’épilogue du procès des attentats du 13 Novembre approche et avec lui, une nouvelle crainte, éprouvée par nombre de parties civiles : celle de l’après. Comment reprendre le cours de sa vie lorsque l’on vient de passer dix mois rythmés par un calendrier d’audiences aussi prenant ? Que l’on a été suspendu à des débats à ce point éprouvants ? Dans le vieux palais de justice parisien de l’île de la Cité, à force de se sourire, d’échanger autour d’un café, de se serrer dans les bras quand ça n’allait pas, des liens forts se sont créés entre les parties civiles. Que restera-t-il dans leurs esprits une fois que cette épopée judiciaire, qui les a tant hantées, tant mobilisées, se sera évaporée ? Certes, il y aura une part de soulagement d’en avoir enfin terminé avec ce marathon. Mais «la disparition de ce poids laissera une place incommensurable aux blessures», a soutenu avec force Stéphane Maugendre, avocat de cinq parties civiles, lors sa plaidoirie. Ce vide, il lui a trouvé un nom : «La béance de l’après procès.»
«Tout est hors norme dans ce procès»
Les avocats pénalistes sont familiers de cette peur, «presque systématique aux assises», souligne Célia Nourredine, qui représente trois parties civiles. Ils savent combien il est important de préparer leurs clients à la fin d’une