Menu
Libération
Enquête

A l’origine du procès d’Eric Dupond-Moretti, une enquête secrète, un PV qui agace et des fadettes qui fâchent

Article réservé aux abonnés
Renvoyé devant la Cour de justice de la République le 6 novembre, le célèbre avocat devenu ministre de la Justice devra répondre notamment d’un conflit d’intérêts, né d’une enquête du Parquet national financier sur son implication alors soupçonnée dans l’affaire «Bismuth» de Sarkozy. «Libération» dévoile la génèse du dossier qui a provoqué sa colère et sa volonté d’en découdre, coûte que coûte, avec les magistrats.
Eric Dupond-Moretti, à son bureau en 2016. (Julien Faure/Leextra. Opale)
publié le 26 octobre 2023 à 11h42

Il est 11h30 ce 6 octobre 2014 quand, à Nanterre, au siège de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), le service de police judiciaire chargé des affaires complexes de corruption, de fraude fiscale ou de probité politique, un brigadier-chef dresse un procès-verbal. C’est le feuillet 62 d’un dossier encore secret, une enquête préliminaire sur laquelle le Parquet national financier (PNF) a demandé toute la discrétion possible et imaginable, comme d’ailleurs la loi l’y oblige.

Il s’agit de tenter de retrouver l’auteur d’une fuite qui a, c’est sa thèse, prévenu Nicolas Sarkozy et son avocat, Thierry Herzog, qu’ils étaient sur écoute dans l’affaire dite Bismuth, dans laquelle l’ancien président est soupçonné d’avoir monnayé auprès d’un haut magistrat des informations contre un poste à Monaco. Ce dossier, également ouvert en 2014 par le PNF, a depuis entraîné sa condamnation en appel à trois ans de prison, dont un an ferme, pour «trafic d’influence» et «corruption» – un pourvoi en cassation est en cours.

Lors de cette investigation, les magistrats du PNF cherchent l’aute