Le vice-procureur de la République, Benjamin Suzzoni, n’a pas enfilé sa robe noire. Ce mardi 6 février 2023 dans l’après-midi, dans une salle du palais de justice, l’audience qui va se jouer n’en est pas tout à fait une. La trentaine d’«appelés», qui s’installent progressivement sur les bancs du tribunal, convocation en main, ont certes tous commis une infraction : la plupart ont été contrôlés positifs au cannabis ou à la cocaïne alors qu’ils conduisaient, certains, moins nombreux, ont simplement été attrapés pour consommation ou possession de stupéfiants. Des délits punis par ordonnance pénale, une procédure simplifiée mise en œuvre pour des faits de faible gravité.
D’ordinaire, les peines, allant de l’amende à la suspension de permis, parfois assorti d’un stage de sécurité routière, sont notifiées à l’intéressé par simple lettre, avec accusé de réception. Mais depuis juillet 2022, le parquet de Marseille a mis en place une fois par mois ces audiences collectives spécifiquement dédiées aux consommateurs de drogue, un temps plus «solennel» qu’un simple courrier, dans le décor du tribunal et avec des magistrats, afin de marquer les esprits, de «mettre un visage sur la justice et créer un lien humain», explique Benjamin Suzzoni. «L’idée, précise-t-il, c’est vraiment d’avoir cette double approche : les personnes convoquées ont commis un délit, on va leur signifier leur peine. Mais aussi leur faire prendre conscience qu’elles ne sont pas étrangères à ce qu