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Libération
Reportage

A Nîmes, dans le quartier de Fayed, mort à 10 ans : «Ici, les fusillades, c’est régulier, parfois même quotidien»

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Dans la ZUP de Nîmes Pissevin, deux personnes, dont un enfant, sont mortes ces derniers mois, victimes du trafic de drogue. «Libé» s’est rendu dans le quartier où les habitants, visiblement impuissants, se disent en proie à la peur.
La galerie Wagner dans le quartier populaire de Pissevin (un des plus pauvre de France), à Nîmes, le 29 novembre 2023. (David Richard / Tansit /Libération)
par Sarah Finger, Envoyée spéciale à Nîmes
publié le 2 décembre 2023 à 10h40

«Akha ! Akha !» La voiture de police banalisée vient à peine de pointer le bout de son capot que déjà les guetteurs du quartier crient pour signaler son arrivée. Une grappe de gamins vêtus de noir escaladent en vitesse un talus qui borde la rue empruntée par les policiers, puis gagnent une dalle située en surplomb pour les surveiller à distance. La chaise du chouf, installée bien en vue sur un plot en béton, restera vide jusqu’au départ de la police. Manège rodé, bien huilé, devenu trop familier.

Tristes témoins de l’urbanisme de masse des années 60, les tours et barres de Pissevin s’élèvent au sud-ouest du centre-ville de Nîmes (Gard). Ce quartier vit depuis des années au rythme des luttes de pouvoir, guerres de territoire et règlements de compte entre trafiquants de drogue. Une violence latente qui s’est subitement invitée sur la scène médiatique le 21 août, après la mort de Fayed, 10 ans : victime collatérale d’une fusillade, l’enfant est tué tandis qu’il circulait en voiture avec son oncle.

Depuis ce drame, ce «quartier de reconquête républicaine» attire les caméras et l’attention de l’Etat. Groupes de sécurité de proximité, CRS, escadrons de gendarmes mobiles… Les forces de l’ordre patrouillent, les uniformes se relaient, mais le sang coule encore. Le 24 novembre, un homme de 2