«Akha ! Akha !» La voiture de police banalisée vient à peine de pointer le bout de son capot que déjà les guetteurs du quartier crient pour signaler son arrivée. Une grappe de gamins vêtus de noir escaladent en vitesse un talus qui borde la rue empruntée par les policiers, puis gagnent une dalle située en surplomb pour les surveiller à distance. La chaise du chouf, installée bien en vue sur un plot en béton, restera vide jusqu’au départ de la police. Manège rodé, bien huilé, devenu trop familier.
Tristes témoins de l’urbanisme de masse des années 60, les tours et barres de Pissevin s’élèvent au sud-ouest du centre-ville de Nîmes (Gard). Ce quartier vit depuis des années au rythme des luttes de pouvoir, guerres de territoire et règlements de compte entre trafiquants de drogue. Une violence latente qui s’est subitement invitée sur la scène médiatique le 21 août, après la mort de Fayed, 10 ans : victime collatérale d’une fusillade, l’enfant est tué tandis qu’il circulait en voiture avec son oncle.
Depuis ce drame, ce «quartier de reconquête républicaine» attire les caméras et l’attention de l’Etat. Groupes de sécurité de proximité, CRS, escadrons de gendarmes mobiles… Les forces de l’ordre patrouillent, les uniformes se relaient, mais le sang coule encore. Le 24 novembre, un homme de 2