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Libération
Nuage de fumée

Incendie dans un centre de tri à Paris : feu maîtrisé, dégâts, risques de pollution… Ce que l’on sait du sinistre

Les flammes ont ravagé un centre de tri de déchets du Syctom, dans le nord de la capitale, lundi 7 avril dans la soirée. Les pompiers de Paris n’ont détecté «aucune toxicité» proche ou loin du site, selon le préfet de police, Laurent Nuñez, qui parle de «nouvelles plutôt rassurantes».
Le centre de déchets du Syctom dans le XVIIe arrondissement de Paris ravagé par un incendie lundi 7 avril 2025 au soir. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 7 avril 2025 à 20h49
(mis à jour le 8 avril 2025 à 15h10)

Le nuage de fumée était visible à des kilomètres à la ronde. Un important incendie s’est déclaré vers 20 heures lundi 7 avril dans un centre de tri de déchets dans le nord de Paris. Ce mardi 8 avril matin, le feu «n’est pas encore éteint» mais son intensité est «vraiment réduite», selon les pompiers. Au lendemain du départ de feu, Libé fait le point sur ce sinistre.

Que s’est-il passé ?

L’incendie a débuté dans une structure du Syctom, le service public de traitement des déchets ménagers de 82 communes en Ile-de-France, située à proximité du tribunal judiciaire de Paris, dans le XVIIe arrondissement de Paris. Son président, Corentin Duprey, a précisé sur le compte X de l’entreprise que les premières flammes sont venues de «la zone post-tri de stockage de papiers, journaux et revues».

«Le système de lutte contre l’incendie s’est déclenché automatiquement, il a fonctionné mais il n’a pas suffi, a ajouté Corentin Duprey. Les équipes sur place ont cherché à maîtriser l’incendie mais, voyant qu’il continuait à se propager, elles ont fait le choix d’évacuer et elles ont bien fait.»

Images de l'incendie à Paris XVIIe depuis l'échelle des pompiers en intervention @liberation.fr

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— Ludovic Séré (@ludovicsere.bsky.social) 7 avril 2025 à 21:05

Selon le dirigeant, 31 personnes se trouvaient sur les lieux au moment du sinistre. «On ne déplore aucun mort, aucun blessé», a-t-il souligné. Les pompiers, eux, ont évoqué un blessé «très léger» parmi les employés.

Selon lui, l’entreprise subit «très fréquemment» des départs de feu. Auprès de BFMTV, il estime à environ une centaine le nombre de débuts d’incendies qui se déclarent chaque année sur les cinq centres de tri gérés par le Syctom en région parisienne.

Quelle est la situation ce mardi matin ?

Les pompiers ont engagé jusqu’à 60 engins et 200 soldats du feu pour combattre les flammes lundi soir. La possible présence de bouteilles de gaz rendait notamment l’intervention difficile pour les secours. Un important périmètre de sécurité a été mis en place, allant jusqu’à interrompre momentanément la circulation sur le périphérique proche.

Le président du Syctom annonçait dès lundi soir, vers 22 h 50, qu’«il n’y [avait] plus de risque de propagation» du feu, tout en évoquant des «dégâts très importants». Les pompiers ont affirmé ce mardi matin que 80 d’entre eux restent encore sur place, pour terminer de lutter contre un incendie qui est désormais «vraiment réduit» à «quelques flammes». Selon eux, il devrait être complètement éteint «à la mi-matinée, ou en fin de matinée».

Quant au centre de tri du Syctom, «une grande partie du bâtiment s’est effondrée sur elle-même», ont déclaré les pompiers. Le maire de l’arrondissement, Geoffroy Boulard (LR), a parlé sur BFMTV d’un édifice «complètement ravagé et détruit». «Les pompiers sont arrivés très vite, mais le feu a pris en souterrain et s’est propagé à tout le bâtiment par la suite», a-t-il ajouté.

Côté judiciaire, «une enquête pour destruction involontaire par incendie exposant autrui à un dommage corporel a été confiée au commissariat du XVIIe arrondissement», a fait savoir le parquet de Paris à Libération.

Quelles conséquences sanitaires ?

A 22 h 20 lundi, la préfecture de police de Paris a invité sur X les riverains «habitant entre avenue Clichy, boulevard périphérique, rue de Saussure et la rue Cardinet à rester à leurs domiciles et à maintenir les fenêtres fermées». Une heure plus tard, c’est le préfet de police lui-même, Laurent Nuñez, qui a pris la parole pour expliquer que l’association indépendante de mesure de qualité de l’air Airparif «a effectué un certain nombre de prélèvements sur l’ensemble de la région Île-de-France et nous sommes en dessous des seuils de recommandation, donc il n’y a pas de difficulté». «La brigade des sapeurs-pompiers effectue par ailleurs des prélèvements au plus près du site de l’incendie puis au plus loin et, pour l’instant, ne détecte aucune toxicité, a-t-il ajouté. De ce point de vue, les nouvelles sont assez rassurantes.»

Interrogé ce mardi matin par Libération, Pierre Pernot, ingénieur à Airparif, confirme que les données relevées par l’association en Ile-de-France – particules fines ou concentration de certains gaz – sont «non significatives». Une situation qui s’explique par les «conditions météorologiques favorables» de la veille. L’absence de vent a en effet permis une dispersion à la verticale du panache de fumée, «rapidement et en hauteur, jusqu’à 200 mètres». Puis, avec le vent d’altitude, cette importante masse de fumée s’est ensuite répartie à l’horizontal. «Cette configuration a permis d’éviter des retombées importantes au sol», poursuit l’ingénieur, tout en précisant que des hausses de concentration en particules à proximité immédiate de l’incendie «ne sont en revanche pas à exclure». La ville de Paris fait alors savoir que «des retombées de poussières sont en cours d’expertise par le laboratoire central de la préfecture de police (LCPP)». Les résultats seront connus en fin d’après-midi.

Par mesures de précaution, l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France a également transmis plusieurs consignes aux riverains et aux directeurs d’établissements scolaires relevant du périmètre de l’incendie. L’ARS préconise aux établissements de la petite enfance, crèches, écoles, logements d’assistantes maternelles de «maintenir les fenêtres fermées», «d’autoriser l’entrée dans les locaux fermés aux seules personnes indispensables» ou encore «d’interdire temporairement les sorties des enfants dans les cours et les jeux en plein air». Selon Geoffroy Boulard, ces consignes «relèvent seulement de la prévention». Le maire de l’arrondissement déclare par ailleurs avoir demandé à l’ARS de poursuivre les contrôles de qualité de l’air à proximité du lieu du sinistre lors des prochains jours.

«Nous avons des protocoles pour pouvoir suivre ce type de situation et prendre toutes les mesures le cas échéant s’il était avéré qu’il y avait une toxicité dans l’air», a de son côté affirmé aujourd’hui la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, sur BFMTV. Son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré sur France 2 «y faire très très attention évidemment». Selon des sources policières, une cellule d’information du public a par ailleurs été mise en place et «une attention particulière» a été portée sur la qualité de l’air, en lien avec Airparif.

Mis à jour : ce mardi 8 avril à 15 h 10, avec les déclarations de Geoffroy Boulard, maire du XVIIe arrondissement, et les consignes émises par l’ARS.