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Libération
A la barre

A Paris, une audience inédite et historique pour la réhabilitation de Jacques Fesch, guillotiné en 1957

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La Cour de cassation s’est penchée, ce jeudi 6 juin, sur la requête de Gérard Fesch, qui souhaite rétablir l’honneur de son père, condamné après le meurtre d’un policier lors d’un braquage. Une audience qui pose pour la première fois la question d’un pardon social même après la mort.
Jacques Fesch, le 1er octobre 1957, jour où il fut guillotiné. (STF/AFP)
publié le 6 juin 2024 à 17h26

Une semaine plus tôt, alors qu’il était encore chez lui, à Bastia, Gérard Fesch, 69 ans, se réjouissait au téléphone : «Cette histoire m’occupe depuis trente ans, depuis que j’ai découvert en 1994 que Jacques Fesch était mon père. Je crois que cette fois, c’est le bout.» L’ancien professeur de musique désormais retraité se bagarre depuis des décennies avec un sacré héritage (qu’il a découvert par hasard, comme nous l’avions raconté) : celui d’un père qu’il n’a pas connu et qui est mort exécuté. «Le bout», c’est cette audience devant la chambre criminelle de la Cour de cassation. Tellement singulière qu’elle sera même filmée. Il faut dire que la question est inédite : peut-on réhabiliter un homme guillotiné ? Autrement dit : existe-t-il un pardon social après la mort ou un condamné est-il perdu pour l’éternité ? «Ce sera une décision importante. Aucun condamné à mort n’a jamais été réhabilité dans le monde. Enfin, à part Jeanne d’Arc peut-être…» avait ajouté Gérard Fesch à la fin de la conversation.

Ce jeudi 6 juin, il prend place avec son avocat, Me Patrice Spinosi, sous les dorures de la plus haute juridiction française. Dans la salle, résonne une vieille histoire, mélange de dil