Menu
Libération
Interview

A Riaumont, la communauté intégriste où est passé le grand-père d’Emile, «ils voulaient faire des gamins des soldats du Christ»

Article réservé aux abonnés
En 2022, la journaliste indépendante Ixchel Delaporte a sorti un livre sur cette institution catholique traditionaliste à Liévin (Pas-de-Calais), réputée pour sa violence. Le grand-père du petit garçon disparu s’y était engagé au début des années 90.
Au sein de la communauté catholique de Riaumont à Liévin, en juin 2018. (Aimée Thirion/Libération)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 24 mars 2024 à 15h52

Ixchel Delaporte, journaliste indépendante, a publié en 2022 une enquête, les Enfants martyrs de Riaumont, aux éditions du Rouergue, sur la communauté par laquelle est passé le grand-père d’Emile entre 1991 et 1994. Elle décrit un «système extrêmement bien en place, aux franges du scoutisme, avec une dimension paramilitaire».

Comment êtes-vous arrivée à enquêter sur le village d’enfants de Riaumont ?

Je travaillais sur la famille de Vincent Lambert [en état végétatif profond. Ses parents, catholiques traditionalistes, refusaient l’arrêt des soins, ndlr] et un avocat évoque lors d’une plaidoirie que celui-ci avait été abusé enfant lors d’un camp scout par un prêtre, Philippe Peignot, qui avait reconnu les faits. Je me suis dit qu’il serait intéressant de voir si ce prêtre avait fait d’autres victimes, et c’est là où j’ai fait la connaissance du village d’enfants de Riaumont, où il avait commencé sa carrière.

Comment est née cette communauté, proche des milieux catholiques intégristes ?

Riaumont a ouvert ses portes en 1960, fondé par le père Revet, aumônier du lycée de Lens. Il avait ouvert un lieu d’accueil pour les jeunes en déshérence, avec l’aval des parents, des notables tous très pieux. Mais ce baraquement n’était pas du tout aux normes. Le père Revet a obtenu un terrain des Charbonnages, où il va faire construire ce do