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Justice

Abaya à l’école : trois mineurs jugés en mai après des menaces de mort contre un proviseur du Val-de-Marne

Une jeune femme est accusée de s’en être pris violemment sur les réseaux sociaux au proviseur d’un lycée d’Ivry, disant qu’il aurait voulu la forcer à retirer son voile. Deux jeunes hommes auraient ensuite menacé et cyberharcelé le chef d’établissement.
Les faits auraient eu lieu au lycée Romain Rolland à Ivry-sur-Seine. (Lucile Métout/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP)
publié le 27 mars 2024 à 20h51

L’affaire est extrêmement sensible dans le contexte du départ du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel après des menaces de mort. Trois mineurs seront jugés en mai à Paris pour avoir menacé de mort sur internet un autre directeur d’établissement, cette fois d’un lycée public d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), accusé d’avoir voulu retirer de force l’abaya d’une élève, a fait savoir ce mercredi 27 mars dans la soirée le parquet de Paris, confirmant une information du Figaro.

Cette jeune femme et ces deux jeunes hommes ont été convoqués pour comparaître le 31 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Paris, a précisé le ministère public.

L’un d’entre eux est poursuivi pour menace de mort sur personne chargée de mission de service public et cyberharcèlement ayant entraîné une interruption totale de travail (ITT) supérieure à huit jours, l’autre de menace de commettre un crime ou un délit contre les personnes ou les biens.

Quant à la jeune femme, elle devra répondre de cyberharcèlement et de divulgation d’information personnelle permettant d’identifier ou de localiser une personne et exposant à un risque direct d’atteinte à la personne ou aux biens.

«Messages menaçants»

Selon le parquet, l’affaire a débuté le 11 juin dernier par un signalement de la préfecture du Val-de-Marne sur la plateforme Pharos. Il faisait référence aux propos sur TikTok et X (ex-Twitter) de la jeune femme, qui affirmait «dans des termes injurieux», d’après le parquet, avoir été «victime d’une forme de harcèlement ayant abouti in fine à son exclusion du lycée Romain Rolland à Ivry-sur-Seine pour avoir refusé de retirer ses vêtements islamiques».

Les deux hommes ont ensuite, «par réaction», publié «des messages menaçants et particulièrement violents» sur les réseaux sociaux, selon le ministère public. Alors ministre de l’Education, Gabriel Attal a interdit à la rentrée 2023 le port de l’abaya, cette longue robe traditionnelle couvrant le corps, à l’école, au nom du respect de la laïcité.

Aujourd’hui Premier ministre, il a reçu ce mercredi après-midi le proviseur du lycée parisien Maurice Ravel, qui a quitté ses fonctions après avoir été menacé de mort dans les mêmes conditions après une altercation avec une élève pour qu’elle enlève son voile islamique. Le départ de ce proviseur «pour des raisons de sécurité», selon un message diffusé mardi par son successeur, a provoqué une vive indignation.

Le chef du gouvernement a par ailleurs annoncé dans la soirée sur le plateau de TF1 que l’Etat allait porter plainte pour «dénonciation calomnieuse» contre l’élève. Cette dernière avait porté plainte pour violence contre le proviseur, l’accusant de l’avoir violentée lors d’un incident lié au voile qu’elle portait. Mais cette plainte a été classée sans suite pour «infraction insuffisamment caractérisée», a précisé le parquet de Paris ce mercredi.

Le cyberharcèlement est passible d’une peine de deux ans d’emprisonnement.