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Violences sexuelles

Abbé Pierre : la sociologue Céline Béraud choisie pour présider la commission d’enquête d’experts indépendants

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Emmaüs France et Emmaüs International ont annoncé ce mercredi 23 octobre la nomination Céline Béraud à la tête des travaux d’enquête sur le silence des institutions autour des accusations de violences sexuelles commises par le fondateur de la Fondation Emmaüs.
L'abbé Pierre le 22 janvier 1965, fait l'objet d'une déferlante d'accusations de violences sexuelles depuis l'été 2024. (Sepia Times/Getty Images)
publié le 23 octobre 2024 à 18h25

Que savait Emmaüs des actes de l’abbé Pierre ? La nomination, mercredi 23 octobre, de Céline Béraud, sociologue et directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à la tête de la commission d’experts indépendants, pourrait permettre un nouvel élan vers la vérité. La création de l’instance chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant permis à l’abbé Pierre, accusé de violences sexuelles, de «ne pas être inquiété», avait été annoncée en septembre dernier et sera effective début 2025 pour une durée de deux ans.

La constitution de ce début d’équipe fait suite à une série de témoignages diffusés depuis juillet dernier, accusant l’abbé Pierre de violences sexuelles commises entre les années 1950 et les années 2000. Certaines accusations qui visent le prêtre décédé en 2007 peuvent relever du viol et d’autres, de pédocriminalité.

Définir qui savait quoi

Dans la foulée des révélations qui ont provoqué une onde de choc, la Fondation Abbé Pierre avait annoncé avoir «initié» des démarches pour changer de nom ainsi que la fermeture définitive du lieu de mémoire dédié à l’abbé Pierre à Esteville (Seine-Maritime). La Conférence des évêques de France (CEF) a de son côté exprimé son «effroi» et promis de coopérer avec Emmaüs.

L’objectif de cette commission qui vient compléter les mesures mises en place par les institutions «sera de mettre au jour et d’analyser les mécanismes qui ont permis à l’abbé Pierre de ne pas être inquiété publiquement pendant plus de 70 ans», indiquent les deux organisations. «L’une des gageures [sera] de saisir et d’analyser les mécanismes qui ont permis de produire du silence durant plusieurs décennies autour de ces faits très graves et conduit à ce que le prêtre ne soit condamné ni en interne par l’Eglise ni dénoncé à la justice civile», complète Céline Béraud, autrice de l’ouvrage le Catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels publié en 2021 aux éditions Seuil.

«La commission devra autant que possible établir le niveau d’information qu’avait le mouvement sur les agissements de l’abbé Pierre aux différentes époques de son histoire, et déterminer quelle a été l’attitude des personnes en responsabilité face à ces informations», soulignent Emmaüs France et Emmaüs International. La commission disposera «d’un accès complet aux archives» de l’abbé Pierre et d’Emmaüs International, et pourra organiser «l’audition des personnes de son choix, témoins, expertes, proches ou membres de la famille de l’Abbé Pierre», peut-on encore lire.