Le parquet de Paris a tranché, il n’ouvre pas d’enquête préliminaire à ce stade sur les accusations de violences sexuelles visant le nouveau ministre des Solidarité. «En l’état, le parquet de Paris ne donne pas de suite au courrier émanant de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles», qui lui transmettait le témoignage accusant Damien Abad de viol, «faute d’élément permettant d’identifier la victime des faits dénoncés et, dès lors, faute de possibilité de procéder à son audition circonstanciée», précise le parquet.
Interview
Pour rappel, deux femmes accusent le nouveau ministre des Solidarités : Chloé (un nom d’emprunt) dont l’identité est cachée dans le signalement, ainsi que Margaux, dont deux plaintes ont été classées sans suite en 2012 (absence de la plaignante) et 2017 (infraction insuffisamment caractérisée).
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«Tourbillon judiciaire»
De son côté, l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique déplore la décision de justice : «Nous nous étonnons vivement de la décision rendue par le parquet de ne pas entamer d’enquête préliminaire au sujet des accusations qui pèsent contre Damien Abad.» Il affirme auprès de Libé que «le parquet ne [les] a pas contactés afin d’en savoir plus sur Chloé, sur ses démarches et sur son état de santé». Cela traduit, selon lui, «un faible souci pour les victimes alors même qu’il est évident que l’ampleur de l’affaire peut décupler l’impact des violences dont elles ont déjà selon leurs dires été la cible».
En contact avec Chloé – nom attribué par Mediapart à l’une des témoins –, l’Observatoire rapporte qu’elle «déclare ne pas se sentir capable de survivre à un tourbillon judiciaire destiné à blanchir son violeur ni d’être jetée en pâture à la meute qui questionnera, décortiquera, moquera son agression».
Dimanche, au lendemain de la publication de l’enquête de Mediapart, la Première ministre, Elisabeth Borne, avait affirmé être «très claire» dans ce domaine : «Sur tous ces sujets de harcèlement et d’agression sexuelle, il ne peut y avoir aucune impunité. […] Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, nous tirerons toutes les conséquences de cette décision.»
Mise à jour : ajout ce mercredi à 16 h 30 de la réaction de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.