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Justice

Affaire Abad: le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire après une plainte pour tentative de viol

Lundi, une élue centriste qui souhaite rester anonyme avait déposé plainte pour « tentative de viol ». Elle explique que le ministre des Solidarités aurait tenté de lui imposer une fellation lors d’une soirée en 2010.
Le ministre français de la Solidarité, de l'Autonomie et du Handicap Damien Abad, après son élection dans la 5e circonscription de l'Ain, le 19 juin 2022. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 29 juin 2022 à 19h25

Cette fois, la justice a donné suite. D’après une information de BFM, confirmée par l’AFP, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire suite à une plainte déposée contre Damien Abad pour «tentative de viol». «C’est une excellente nouvelle», se satisfait Maître Raphaële Bialkiewicz, l’avocate de la plaignante auprès de Libération. «Ma cliente n’a jamais douté de l’ouverture d’une enquête, elle a foi en la justice». Pour le moment Damien Abad reste présumé innocent.

Lundi, une élue centriste déposait plainte pour «tentative de viol». Quelque jours plus tôt, celle qui se fait appeler Laetitia témoignait dans Mediapart. Au site d’investigation, elle racontait que lors d’une soirée au domicile de Damien Abad, en 2010, elle avait repéré une substance étrange dans le verre que celui qui était alors député européen lui avait tendu. Partie recracher dans les toilettes la gorgée ingurgité, l’élue se serait ensuite retrouvé nez-à-nez avec l’ex-LR. Selon Laetitia Abad l’aurait alors poussé dans une pièce pour tenter de lui imposer une fellation. Malgré les coups qu’elle lui adresse, ce dernier résiste explique-t-elle. Il faudra finalement qu’un tiers entre dans la pièce pour qu’elle puisse s’échapper.

Une première plainte classée sans suite

Outre Laetitia, deux autres femmes - Chloé (nom d’emprunt) et Margaux ont raconté à Mediapart fin mai, des scènes similaires qu’elles auraient subis au contact du ministre des Solidarités en 2010 et 2011. La première expliquait s’être réveillé aux côtés de Damien Abad «en sous-vêtements» et «en état de choc et de dégoût profond» après avoir partagé un seul verre avec l’ancien LR. Elle pense alors avoir été droguée. La seconde, a quant à elle déposée plainte en 2017 alors que le ministre lui aurait imposé une pénétration anale, alors qu’elle avait dit non de manière « affirmée ». La plainte est finalement classée sans suite.

Depuis les premières mises en cause, Damien Abad nie fermement les faits qui lui sont reprochés. Evitant toute intervention médiatique, le ministre des Solidarités assure à grand coup de communiqués qu’il lui est impossible, à cause de son handicap, de contraindre une femme à avoir un rapport sexuel. Le député de l’Ain souffre d’arthrogrypose, une maladie rare qui provoque des raideurs aux articulations et qui limite donc la motricité.

Suite à la plainte de Laetitia, Damien Abad est même allé plus loin dans sa stratégie de défense. Lundi soir, le ministre annonçait qu’il portait plainte pour «dénonciation calomnieuse». «On savait que c’était une possibilité, réagissait l’avocate de la plaignante Raphaële Bialkiewicz mercredi auprès de Libé. C’est une tentative d’intimider les autres victimes, une manière de les museler et de leur imposer le silence». Le lendemain, l’avocat de Damien Abad, Maître Benoit Chabert affirmait sur BFM que son client ne connaissait pas la femme qui a porté plainte. Un tentative de défense contredite par le clan de Laetitia. «Il n’empêche que vous avez la maire d’Amiens, Brigitte Fouré, qui dit qu’il connaît suffisamment bien ma cliente pour lui proférer des insanités sur une piste de danse dans un mariage, le 31 juillet 2010, comme elle a pu le voir de ses propres yeux », développe Me Bialkiewicz. D’autant qu’avec l’enquête ouverte, la plaignante n’est plus juridiquement anonyme. Mise à jour à 20h20 avec plus de contexte.