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Ouverture de parapluie

Affaire Bétharram : devant l’Assemblée, Bayrou affirme n’être «jamais» intervenu et charge le gouvernement Jospin

Affaire Notre-Dame de Bétharramdossier
Le Premier ministre a assuré ce mardi 18 février à l’Assemblée n’être «jamais» intervenu auprès des enquêteurs ou de la justice dans l’affaire des violences au sein de l’établissement catholique de Notre-Dame-de-Bétharram.
François Bayrou à l'Assemblée nationale le 5 février 2025. (Gonzalo Fuentes/REUTERS)
publié le 18 février 2025 à 15h57
(mis à jour le 19 février 2025 à 9h01)

Une semaine après le début devant ces mêmes députés de ce qu’on appelle désormais «l’affaire Bétharram», François Bayrou s’est à nouveau défendu à la tribune de l’Assemblée nationale ce mardi 18 février. Le Premier ministre a affirmé lors des questions au gouvernement n’être «jamais» intervenu dans l’affaire des violences au sein de l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, «ni de près ni de loin», auprès des enquêteurs ou de la justice.

Le Premier ministre et maire de Pau a par ailleurs affirmé qu’en 1998, le procureur général avait «tenu informé» le ministère de la Justice qu’il existait une enquête pour viol contre un ex-directeur de l’institution. La garde des Sceaux du gouvernement Jospin était à l’époque Elisabeth Guigou. François Bayrou a également jugé inimaginable que le ministre de l’Education nationale Claude Allègre et la ministre de l’Enseignement scolaire Ségolène Royal n’aient pas été «avertis» d’un «signalement aussi important».

Mise en cause par François Bayrou, l’ex-ministre de la Justice socialiste, Elisabeth Guigou, a déploré mardi soir une «misérable polémique politicienne», dans une déclaration à l’AFP. «Dans cette affaire, le gouvernement au sein duquel j’ai eu l’honneur d’assumer les fonctions de ministre de la Justice […] a fait son travail et l’institution judiciaire a fait le sien, en toute indépendance», a-t-elle réagi.

Le chef du gouvernement, ministre de l’Education jusqu’en 1997, est accusé, notamment par le député de La France insoumise Paul Vannier, d’avoir menti devant l’Assemblée nationale en assurant qu’il «n’était pas au courant» des accusations de violences sexuelles au sein de l’établissement, où étaient scolarisés plusieurs de ses enfants.

Dans un témoignage diffusé dimanche dans le magazine Sept à Huit, sur TF1, le gendarme chargé de l’enquête sur le père Carricart, ex-directeur de l’institution accusé de viol en 1998, a évoqué une «intervention» de François Bayrou auprès de la justice. A l’époque, il était député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général. Il réitère ces propos mardi dans le journal la République des Pyrénées. Le juge qui enquête sur le viol en 1998 a aussi relaté dans plusieurs médias que François Bayrou avait «fait la démarche de venir» le voir lorsque le prêtre était en détention.

«On a pu parler de l’établissement, jamais du dossier»

Ce juge d’instruction, Christian Mirande, «c’est mon voisin depuis 50 ans», a répondu mardi le maire de Pau lors d’une question de la députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques, Colette Capdevielle. «Est-ce que nous avons pu parler avec le juge Christian Mirande de cette affaire ? Sans doute oui». Mais un magistrat «n’a pas le droit de communiquer le moindre élément du dossier dont il a la charge à quelque personne extérieure au dossier que ce soit», a-t-il insisté. «On a pu parler de l’ambiance, on a pu parler de l’établissement, jamais du dossier», a ajouté François Bayrou.

Quant au procureur général, «je ne le connais pas», et «il n’a eu aucune communication» avec «qui que ce soit sur ce dossier», a-t-il aussi assuré. «Mais si je ne savais pas, d’autres savaient. Parce que j’affirme devant vous et vous le vérifierez, que le procureur général, lui, a tenu informée la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l’année 1998. Il l’a fait téléphoniquement le jour de l’incarcération et il l’a fait ensuite à trois reprises par écrit, en signalant la gravité des faits», a dit le Premier ministre.

Lundi, Me Jean-Louis Blanco, l’avocat du premier élève Bétharram à avoir porté plainte pour une violente claque reçue d’un surveillant, a demandé l’ouverture d’une enquête auprès du parquet général de Pau pour «entrave à la justice». «C’est une demande d’enquête sur l’enquête, pour savoir qui a fait quoi, et comment monsieur Bayrou serait intervenu auprès de la justice, explique l’avocat. On ne peut pas rester sans réponse, il faut que François Bayrou soit convoqué pour s’expliquer.»

Mise à jour : le 19 février à 9 heures, avec la réaction d’Elisabeth Guigou.