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Justice

Affaire Bétharram : un homme mis en examen pour viol et agression sexuelle aggravés et placé en détention provisoire

Affaire Notre-Dame de Bétharramdossier
En tout, trois suspects étaient entendus depuis mercredi pour «viols aggravés, agressions sexuelles et violences» commis à Notre-Dame de Bétharram entre les années 70 et les années 2000.
Trois hommes, nés en 1931, 1955 et 1965, avaient été interpellés mercredi pour des «viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et /ou violences aggravées», sur une période allant de 1957 à 2004. (Gaizka Iroz/AFP)
publié le 21 février 2025 à 8h26
(mis à jour le 21 février 2025 à 19h50)

L’un des trois hommes interpellés mercredi dans l’affaire Bétharram a été mis en examen ce vendredi 21 février pour viol et agression sexuelle aggravés et écroué, a fait savoir le parquet de Pau. Les deux autres suspects ont bénéficié de la prescription. Cet homme a été placé en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet, a précisé le ministère public à l’issue de l’audience du juge des libertés et de la détention. Le suspect concerné est un ancien surveillant de cet établissement catholique du Béarn, né en 1965. Il était encore en fonction dans l’établissement l’année dernière, avant d’être écarté après l’ouverture de l’enquête judiciaire.

En tout, trois hommes, nés en 1931, 1955 et 1965, avaient été interpellés mercredi pour des «viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et /ou violences aggravées», commis au sein de Notre-Dame-de-Bétharram sur une période allant de 1957 à 2004. Les deux autres hommes placés en garde à vue mercredi ont été laissés libres en raison de la prescription des faits qui leur étaient reprochés, a précisé le procureur Rodolphe Jarry. Cette dernière s’étend, pour les violences sexuelles, à trente ans après la majorité du ou de la plaignante.

Le parquet de Pau avait «mis un terme», jeudi, à l’interrogatoire d’un ex-prêtre nonagénaire, sans rien dire des suites de la procédure judiciaire. Les deux autres surveillants avaient vu leur garde à vue être prolongée. Il s’agit de deux ex-surveillants laïcs : le premier, Damien S., né en 1955, surnommé «Cheval», revient régulièrement dans les témoignages des différentes victimes. Décrit comme un «tyran», il est aussi soupçonné de violences physiques et sexuelles. Le second, Patrick M., né en 1965, serait un ancien surveillant d’internat. D’après une source proche du dossier, il aurait été démis de ses fonctions en février 2024, peu après l’ouverture de l’enquête, alors qu’il était visé par au moins huit plaintes, dont au moins quatre d’agressions sexuelles et de viols commis durant les années 1980 et 1990 dans l’établissement et lors de camps scouts notamment.

Nouveau témoignage contre François Bayrou

Les gendarmes enquêtent depuis un an sur cette institution longtemps réservée aux garçons. Les victimes, enfants ou adolescents à l’époque des faits, décrivent des masturbations et fellations imposées ou subies plusieurs fois par semaine, des châtiments corporels, menaces et humiliations. Des «faits graves», «en contradiction totale avec l’esprit de l’enseignement catholique», a dénoncé jeudi la Conférence des évêques de France (CEF).

Cette annonce survient quatre jours après une réunion, à Pau, entre des victimes et le Premier ministre François Bayrou, sous pression dans ce dossier depuis la parution, début février, de témoignages affirmant qu’il était au courant de premières accusations contre l’établissement dans les années 1990, ce qu’il dément. Mais le témoignage d’une ancienne enseignante de Notre-Dame-de-Bétharram, diffusée jeudi soir par Mediapart, vient encore une fois contredire la posture du Premier ministre : elle affirme avoir alerté François Bayrou et son épouse des violences infligées aux élèves de l’établissement catholique béarnais. Elle avait déjà indiqué début février à l’AFP avoir alerté à plusieurs reprises les autorités (protection de l’enfance, diocèse) pour «dénoncer une atmosphère d’agressivité et de tensions anormales».

Mise à jour : vendredi 21 février à 14 h 45, ajout de l’ouverture de l’information judiciaire.

Mise à jour : vendredi 21 février à 19h50 avec la mise en examen d’un suspect.