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Justice

Affaire Bétharram : deux gardes à vue pour «viols aggravés, agressions sexuelles et violences» prolongées, celle du plus âgé des trois hommes levée

Affaire Notre-Dame de Bétharramdossier
Les trois suspects sont entendus depuis ce mercredi pour des faits susceptibles d’avoir été commis au collège-lycée privé Notre-Dame de Bétharram. Au total, 112 personnes se sont signalées dans cette affaire tentaculaire qui couvre des faits s’étalant entre les années 1970 et les années 2000.
Des élèves dans les jardins de Notre-Dame-de-Bétharram, le 6 mars 2024. (Gaizka Iroz/AFP)
publié le 19 février 2025 à 14h47
(mis à jour le 20 février 2025 à 13h28)

Nouveau rebondissement dans le scandale Bétharram. Trois hommes ont été placés en garde à vue pour des «viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées» dans le cadre de l’enquête sur l’établissement des Pyrénées-Atlantiques, a annoncé ce mercredi 19 février le parquet de Pau.

Dans un communiqué, le procureur de la République Rodolphe Jarry précise que ces derniers sont nés en 1931, 1955 et 1965. Ils sont entendus pour des faits susceptibles d’avoir été commis «entre 1957 et 2004» au sein de l’établissement. Afin de préserver les investigations en cours, le parquet de Pau n’a pas souhaité livrer de plus amples détails sur «les mesures en cours». Il prévoit toutefois de proposer «une communication plus complète» dès l’instant où les gardes à vue seront terminées. Jeudi, deux d’entre elles ont été prolongées, tandis que celle du plus âgé des trois hommes a été levée.

Le porte-parole des victimes de Bétharram, Alain Esquerre, confirme toutefois à Libération une information donnée par Ici Béarn selon laquelle les hommes nés en 1955 et 1965 «sont des laïcs». Le plus âgé, né en 1931, «est un religieux».

Cette annonce survient quatre jours après une réunion, à Pau, entre des victimes et le Premier ministre François Bayrou, sous pression dans ce dossier depuis la parution, début février, de témoignages affirmant qu’il était au courant de premières accusations contre l’établissement dans les années 1990, ce qu’il dément.

Interrogé en début de soirée par Libération, le porte-parole des victimes de Bétharram, Alain Esquerre ne cache pas sa joie après l’annonce du procureur de la République de Pau. «On a vécu une journée historique samedi sur le volet politique, on vit une autre journée historique sur le plan judiciaire.» «Sur notre groupe Whatsapp, il y a plus de 180 nouveaux messages, décrit-il. Les gens pleurent de joie.» Selon lui, les victimes imaginent que les trois hommes placés en garde-à-vue vont enfin rendre des comptes. «Toutes ces violences, toutes ces humiliations sont en partie lavées ce soir.»

Délais de prescription

Le collectif des victimes a recensé à ce jour 132 plaintes, soit une quinzaine de signalements supplémentaires en quelques jours. Parmi ces plaintes, «rares» sont celles qui ne sont pas frappées par la prescription - les délais sont de trente ans après la majorité du ou de la plaignante -, estime Alain Esquerre, qui précisait en juillet que deux laïcs toujours en vie et un prêtre décédé étaient particulièrement visés. En février 2024, un laïc encore en poste avait été démis de ses fonctions peu après l’ouverture de l’enquête.

Une vingtaine de victimes de Bétharram ont d’ores et déjà été indemnisées par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les personnes abusées dans des congrégations catholiques.

Mise à jour : à 13h28, avec l’ajout de la déclaration auprès de Libération du porte-parole des victimes de Bétharram, et avec l’annonce de la prolongation des gardes à vue.