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Libération
Feuilleton judiciaire

Affaire Dany Leprince : son ex-femme reste sous le statut de témoin assisté

La demande de mise en examen de Martine Compain pour complicité de meurtre a été rejetée ce lundi 6 octobre. L’ADN de l’une des victimes du quadruple homicide familial, survenu dans les années 90, avait été retrouvé sur un couteau lui ayant appartenu.

Dany Leprince à la Cour de cassation, le 23 janvier 2025 à Paris. (Dimitar Dilkoff/AFP)
Publié le 06/10/2025 à 12h10, mis à jour le 06/10/2025 à 13h43

L’affaire est vieille de plus de trente ans mais le dossier est loin de prendre la poussière. D’abord placée sous le statut de témoin assistée, l’ex-femme de Dany Leprince, condamné en 1997 à la réclusion à perpétuité pour un quadruple meurtre de Thorigné-sur-Dué, dans la Sarthe, a bien failli être elle aussi mise en examen ce lundi 6 octobre à la demande du parquet du Mans. Finalement, à 68 ans, elle reste placée sous le statut de témoin assisté, ont annoncé ses avocats.

«La chambre de l’instruction s’est rangée du côté de l’évidence, en estimant qu’il n’existait pas d’indices graves ou concordants rendant vraisemblable que Martine Compain ait pu participer, comme auteur ou comme complice, aux faits», écrivent dans un communiqué Me William Bourdon, Me Colomba Grossi et Me Vincent Brengarth.

L’ADN de sa nièce retrouvé sur son couteau

Le 4 septembre 1994, le beau-frère et la belle-sœur de Dany Leprince, ainsi que deux de leurs filles, âgées de 7 et 10 ans, avaient été retrouvés massacrés à l’arme blanche dans leur pavillon familial. Seule leur fillette de deux ans en a réchappé. Un rapport d’expertise, rendu début juin, est venu relancer la machine judiciaire. Selon ce document, il y a une probabilité «très importante» que l’ADN de la plus jeune des quatre victimes, Audrey Leprince, sa nièce alors âgée de 7 ans, se trouve sur un couteau ayant appartenu à Martine Compain.

Cette nouvelle étude a été commandée par les avocats de Dany Leprince, dans le cadre d’une demande en révision de la décision de justice visant à faire annuler la condamnation de leur client. Aujourd’hui libre, l’ex-mari de Martine Compain n’a eu de cesse de clamer son innocence durant ses dix-sept années de détention.

Les résultats d’analyse ADN de l’époque ont été transmis au centre universitaire de médecine légale de Lausanne, en Suisse. Une décision justifiée par l’un des avocats de Dany Leprince, Me Olivier Morice, auprès d’Ici Maine, par le caractère incomplet des précédentes expertises qui «laissaient entendre qu’il pourrait y avoir l’ADN de Martine Compain et d’Audrey Leprince, mélangés, sur le couteau jaune qui appartenait à Mme Compain». Selon une information révélée par le Monde, le couteau en question, long de 27 centimètres, avait été saisi dans un tiroir de la buanderie de Martine Compain au moment des faits.

Une probable «pluralité» des auteurs

Dans le réquisitoire exigeant sa mise en examen, le parquet du Mans relevait notamment le «caractère très évolutif» des déclarations de l’ex-femme de Dany Leprince, la probable «pluralité» d’auteurs et l’utilisation de deux armes. Le conseil de Martine Compain avait martelé en septembre que sa cliente était «innocente». Qualifiant le dossier «d’insensé», ses trois avocats avaient aussi plaidé la prescription, «afin que le calvaire judiciaire de Mme Compain» cesse.

C’est sur la base des accusations de cette dernière que les soupçons s’étaient portés sur Dany Leprince. Aussi mis en cause par sa fille aînée, il avait d’abord partiellement avoué, avant de se rétracter.

Mise à jour à 13 h 43 avec le rejet de la demande de mise en examen de Martine Compain.