Il est soupçonné d’avoir contribué à l’enlèvement de la petite Mia en avril. Le Français Rémy Daillet, figure du mouvement complotiste, ainsi que sa famille, ont été expulsés dimanche de Malaisie. Ils devaient prendre la direction de la France, mais ont dû faire escale à Singapour, où ils n’ont pas embarqué pour Paris, ont annoncé en fin de journée l’avocat du suspect et une source malaisienne. «Ils sont à Singapour, ils ne sont pas dans l’avion», a déclaré Me Jean-Cristophe Basson-Larbi à l’AFP. La compagne de Rémy Daillet, enceinte, «est hospitalisée, nous avons des craintes pour le bébé», a-t-il indiqué, précisant que «M. Daillet et ses enfants sont sous la responsabilité des services de police de Singapour».
Rémy Daillet, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, sa compagne Léonie Bardet et ses trois enfants de 17, 9 et 2 ans, avaient été arrêtés fin mai sur l’île touristique malaisienne de Langkawi où ils résidaient parce que leurs visas avaient expiré. Une procédure d’extradition dans le cadre de l’affaire de l’enlèvement aurait été beaucoup plus longue qu’une expulsion pour séjour irrégulier.
Plusieurs sources concordantes en Malaisie avaient indiqué dans un premier temps que la famille avait quitté la capitale malaisienne dans un vol sous escorte. Une information contredite par une source proche du dossier française, selon qui le suspect et sa famille n’avaient pas encore été remis aux autorités françaises et n’étaient pas sous escorte policière pendant le vol.
Rémy Daillet, 54 ans, avait entamé une grève de la faim pour protester contre son arrestation tandis que sa compagne enceinte craignait des complications, voire de perdre son enfant si elle prenait l’avion, selon leur avocat et des proches.
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Un appel contre la décision d’expulsion est en cours, a indiqué l’un des avocats du Français, Jean-Christophe Basson-Larbi. «Cette expulsion forcée est illégale puisque mise en œuvre au mépris de l’immigration act» de la loi malaisienne, «au mépris des conventions internationales, au mépris des règles de procédure et surtout au mépris de l’appel», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Si Rémy Daillet parvient à atteindre le sol français, le juge d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy, dans l’est de la France, qui a émis le mandat d’arrêt, aura «deux possibilités», a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Nancy, François Pérain. Il pourra soit «le faire présenter immédiatement à Nancy en vue de sa mise en examen», soit décider de «le faire présenter devant le juge des libertés et de la détention» de Bobigny «pour une incarcération provisoire». Dans ce cas, Rémy Daillet devra ensuite être présenté au juge d’instruction «dans un délai de quatre jours», a précisé le procureur.
Vidéo de défense
Rémy Daillet, exclu du parti centriste Modem en 2010, est devenu une figure du mouvement complotiste. Il est soupçonné d’avoir joué un rôle important dans l’organisation de l’enlèvement de Mia. La petite fille de 8 ans avait été enlevée mi-avril à la demande de sa mère par plusieurs hommes alors qu’elle était hébergée chez sa grand-mère dans un village des Vosges. Sa mère n’avait alors plus le droit de la voir seule, ni de lui parler au téléphone.
Dans une vidéo mise en ligne après l’enlèvement de la fillette, Rémy Daillet avait tenté de se défendre. Sans évoquer nommément Mia, il réfutait le terme d’enlèvement. Dans d’autres vidéos plus anciennes il défendait l’idée d’un coup d’Etat populaire et se disait opposé aux impôts, aux vaccins, aux masques ou à la 5G. Il prônait par ailleurs l’éducation des enfants par leurs parents à la maison.
Dans le cadre de l’affaire Mia, neuf personnes au total, dont la mère de la fillette, proches de la mouvance antisystème et complotiste, ont déjà été mises en examen, et huit d’entre elles ont été placées en détention provisoire. La justice française s’interroge aussi sur le rôle de Rémy Daillet dans une autre affaire dans le Doubs, celle d’un couple qui vivait en vase clos et s’était retranché à son domicile en novembre, refusant de confier ses quatre enfants aux assistantes sociales comme le demandait un juge. C’est à son contact qu’ils auraient décidé de déscolariser leurs enfants puis de se couper du monde.