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Libération
Violences policières

Affaire Hedi à Marseille : des coups des policiers à l’origine des plus graves blessures et non le tir de LBD, d’après une expertise

Le jeune homme avait été passé à tabac par des policiers dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023 à Marseille. L’expertise médicale a déterminé que ce n’est pas le tir de LBD mais les coups des policiers qui l’ont contraint à une amputation partielle du crane.
Hedi à la sortie du palais de justice de Marseille après une audition, le 6 septembre 2023. (CHRISTOPHE SIMON/AFP)
publié le 4 juillet 2024 à 10h27

Un an après les faits, changement de version. D’après un acte d’enquête sur les violences policières contre Hedi à Marseille, en marge des émeutes liées à la mort de Nahel, ce sont des coups portés sur le jeune homme qui sont à l’origine de ses plus graves blessures et non le tir de LBD. L’information révélée par France Bleu Provence s’appuie sur un rapport d’expertise médicale réclamé par les juges d’instruction que la radio dit avoir pu consulter. Contacté à plusieurs reprises, le parquet de Marseille n’a pas répondu aux sollicitations.

L’avocat de Hedi, Me Jacques-Antoine Preziosi, confirme que «ce sont a priori les coups portés au sol après le tir de LBD qui sont à l’origine des plus importantes séquelles» et non le tir qui semblait « le plus spectaculaire pour tout le monde ». Le jeune homme, âgé de 22 ans au moment des faits dans la nuit du 1er au 2 juillet 2023, avait été amputé d’une partie de son crâne après un tir de LBD et un déferlement de coups de poing et de pied de policiers alors qu’il se trouvait au sol.

Crises d’angoisse

Quatre policiers de la Brigade anticriminalité de Marseille ont été mis en examen dans ce dossier et le tireur de LBD avait été placé en détention provisoire 40 jours l’été dernier avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Un an après les événements traumatiques de 2023, Hedi s’est présenté dans le quotidien régional La Provence, avec un crâne reconstitué. «Visuellement, on m’a remis le morceau de crâne dont j’ai été amputé mais je vais devoir repasser par une, ou deux opérations. La greffe n’a pas pris…», a-t-il témoigné, évoquant aussi «des crises d’angoisse à l’approche de la date anniversaire».

Son avocat souhaiterait une reconstitution qui permettrait de définir le rôle de chacun et également celui de la commandante du groupe, qui a été entendue sous le statut de témoin assistée, sans faire l’objet de poursuite, selon lui. L’expertise médicale oriente en tous cas l’affaire vers un probable procès en correctionnelle et non aux assises car elle qualifie «l’agression de délit mais pas de crime», explique Me Preziosi.

Lors des émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tuée le 27 juin 2023 d’une balle tirée par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors d’un contrôle routier, un jeune homme est mort et plusieurs autres dont Hedi ont été blessés. C’est dans la deuxième ville de France que le plus grand nombre d’enquêtes pour des soupçons de violences policières sont en cours. Au total, le parquet a ouvert dix enquêtes dont cinq font l’objet d’investigations approfondies dans le cadre d’informations judiciaires, avait-il confirmé le 20 juin.