«Dans un Etat de droit, la contestation d’une décision de justice ne se conçoit qu’à travers l’exercice des voies de recours.» Sèche formule qu’adressaient, le 24 juillet depuis la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), la procureure générale Marie-Suzanne Le Quéau et le premier président Renaud Le Breton de Vannoise. La formule sanctionnait la fronde des policiers – soutenus par leur patron et leur ministre – contre le placement en détention provisoire d’un agent de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille. Ce dernier est mis en examen, ainsi que trois de ses collègues, pour des violences aggravées ayant causé une ITT de plus de huit jours contre le jeune Hedi, dans la nuit du 1er au 2 juillet.
L'audience à suivre ici
C’est précisément le recours de ce policier contre sa détention provisoire qui fait l’objet d’une audience, ce jeudi matin, devant la chambre d’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Le cas d’un de ses collègues, dont le contrôle judiciaire l’interdit d’exercer le métier de policier, sera aussi audiencé, puisque ce fonctionnaire a également fait appel de la décision de justice le concernant. D’après nos informations, les réquisitions de l’avocat général iraient dans le sens d’un maintien de ces mesures.
Hedi «a servi d’exutoire à des policiers stressés»
L’avocat d’Hedi, Jacques Preziosi, déclare auprès de Libé que son client, «victime innocente», «a servi d’exutoire à des policiers stressés qui ont exercé une violence extrême dont ils sont dépositaires dans des circonstances qui ne l’autorisaient pas». Et l’avocat de conclure : «La justice punira les coupables.»
D’après son récit, d’abord paru dans la Provence, Hedi a reçu un tir de lanceur de balle de défense (LBD) au niveau de la tête, près de la place de la Castellane, non loin du centre de Marseille, avant d’être passé à tabac par plusieurs policiers. La procureure de Marseille Dominique Laurens annonçait par communiqué, peu après, l’ouverture d’une «information judiciaire du chef de violence en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours.»
La même nuit où Hedi est blessé, entre le 1er et le 2 juillet, Mohamed Bendriss est tué, vraisemblablement par un tir de LBD. Dans une «conclusion provisoire», révélée par Libération, deux médecins légistes relèvent la présence d’un «traumatisme balistique» au niveau du cœur, cause probable du décès, correspondant à ce type de munition. La nuit précédente, le cousin de Mohamed Bendriss, Abdelkarim Y., était quant à lui éborgné par un tir de LBD.