Malgré la pression policière, la justice n’a pas cédé. La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a rejeté ce jeudi 3 août la demande de remise en liberté du policier de la brigade anticriminalité (BAC) accusé d’avoir grièvement blessé Hedi lors des émeutes à Marseille, début juillet, afin notamment de «prévenir toute concertation» avec les trois autres agents mis en cause. Plus tôt, l’avocat général avait requis son maintien en détention provisoire, au moins jusqu’à l’interrogatoire de l’agent prévu le 30 août.
Dans une motivation sévère, le président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a estimé que malgré ses aveux partiels, sa «dénégation fallacieuse» initiale a jeté «le discrédit sur l’ensemble de ses propos». Au début de l’audience publique jeudi matin, le policier marseillais avait admis, pour la première fois, avoir tiré avec son lanceur de balles de défense. «J’ai pris la décision de faire usage de LBD à une reprise», a reconnu le fonctionnaire. Mais «est-ce que ce tir a impacté Hedi ?», s’est demandé ensuite son avocat Me Gassend, ajoutant que «rien ne [le] prouve».
Enquête
Tee-shirt blanc, crâne rasé, le policier, prénommé Christophe qui a quatorze ans d’ancienneté à la Brigade anticriminalité (BAC), a souhaité à son arrivée dans le box faire des déclarations spontanées : «Je souhaite m’expliquer sur les faits.» Le policier contestait sa détention provisoire dans cette affaire – qui a provoqué un mouvement de grogne dans la police – mais n’avait jusqu’à présent pas reconnu le tir de LBD.
Il décrit la scène : «Nous avions reçu la consigne de rétablir l’ordre» et «j’ai vu deux individus capuchés» avec «plusieurs mouvements dont je ne pouvais pas déterminer la nature laissant penser qu’une altercation était en cours». A un moment, il raconte avoir vu l’un d’eux sortir de la pénombre et pense qu’il est porteur d’un projectile. C’est à ce moment-là qu’il décide de tirer, une fois, soutient-il. «J’ai vu que tout le monde était debout» et «évidemment que si une personne avait été inconsciente au sol ou présentant des blessures graves il aurait été immédiatement pris en charge», a-t-il insisté.
«Concertation frauduleuse»
Après la décision, l’avocat du jeune Hedi s’est déclaré «satisfait» que la cour d’appel d’Aix-en-Provence ait acté le maintien en détention provisoire du policier auteur du tir de LBD, estimant que «la justice passe».
Trois collègues du policier sont aussi mis en examen dans cette affaire pour leur implication présumée dans le passage à tabac du jeune homme. Le tir de LBD qui a atteint Hedi a notamment conduit à l’amputation d’une partie de son crâne. Il a eu 120 jours d’ITT (incapacité totale de travail).
Au total, 31 enquêtes de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, ont été ouvertes lors des émeutes.
Mise à jour : à 17 h 16, avec les motivations de la décision judiciaire et la déclaration de l’avocat d’Hedi.