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Décision

Affaire Jegou-Auradou : la justice argentine prononce un non-lieu sur les accusations de viol visant les deux rugbymen

Violences sexuellesdossier
Cinq mois après les faits, et conformément aux réquisitions du parquet, une juge de Mendoza a prononcé un non-lieu ce mardi 10 décembre. Les poursuites visant les deux joueurs du XV de France sont donc abandonnées. La plaignante a fait appel, selon son avocate.
Les deux rugbymen ont rejoint la France début septembre et ont depuis retrouvé les terrains avec leurs club respectifs. (Luis Robayo/AFP)
publié le 10 décembre 2024 à 15h01
(mis à jour le 10 décembre 2024 à 22h06)

La justice argentine a prononcé, ce mardi 10 décembre, un non-lieu pour Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux rugbymen français inculpés de viol aggravé, près de cinq mois après les faits survenus en marge d’une tournée du XV de France, ont fait savoir les avocats des joueurs. «L’acte [sexuel] était consenti, aucun crime n’a été commis et il ne fait aucun doute qu’ils sont innocents», a déclaré Me German Hnatow, à l’issue d’un délibéré au pôle judiciaire. «La réhabilitation judiciaire est acquise», s’est pour sa part félicité l’avocat parisien des joueurs Me Antoine Vey, «les deux joueurs ont été victimes de fausses accusations».

Interrogé par messages, Me Natacha Romano, l’avocate de la plaignante, a répondu de façon lapidaire à la question de savoir quelle suite elle entendait donner après le non-lieu prononcé par la juge qui a conclu que les relations sexuelles étaient consenties. «Appel. Au revoir», a dit l’avocate.

Les avocats de la défense, et celle de la plaignante, une Argentine de 39 ans mère de deux enfants, étaient arrivés lundi vers 9 heures (heure locale, 13 heures à Paris) au pôle judiciaire de Mendoza, sans faire de déclaration aux journalistes. Lors de l’audience à huis clos qui s’est prolongé jusqu’à mardi, l’avocate de la plaignante et ceux des joueurs ont débattu du non-lieu demandé fin août par les représentants des deux jeunes internationaux français. Le parquet avait déjà annoncé, début octobre à l’issue de l’instruction, qu’il plaiderait pour un abandon des poursuites.

Deux versions qui s’opposent

Depuis début juillet, Auradou et Jegou, 21 ans, sont inculpés pour viol aggravé car commis en réunion. En cas de procès, ils auraient encouru entre huit et vingt ans de prison. Les faits présumés sont survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de jouer un test-match contre l’Argentine, suivi d’une troisième mi-temps.

Les joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et sans violence. L’avocate de la plaignante a dénoncé en revanche un viol avec «violence terrible».

Au fil de l’enquête, d’analyses de témoignages, d’images de vidéo surveillance, de messages audios (de la plaignante avec une amie, notamment), «l’accusation initiale a perdu de sa force», avait relevé le parquet fin août, en autorisant le retour en France des joueurs. Lesquels avaient passé en juillet un peu plus d’une semaine en détention préventive, puis près d’un mois assignés à résidence. Ils ont rejoint la France début septembre et ont depuis retrouvé les terrains en club.

Leurs avocats affichaient avant l’audience de ce lundi leur optimisme. Me German Hnatow déclarait il y a quelques jours que «tous les éléments évalués en leur ensemble ne mènent qu’à une issue : la déclaration d’innocence». Il assurait que derrière la plainte initiale il y avait un «mensonge mal intentionné […] avec visées financières» d’indemnisation.

Natacha Romano, l’avocate de la plaignante - un autre s’est dissocié du dossier – s’en est pour sa part pris régulièrement à la justice provinciale de Mendoza, qu’elle accuse d’avoir été partiale dans le traitement du témoignage de sa cliente. En septembre, Me Romano avait tenté de faire récuser les deux procureurs co-chargés de l’enquête, puis la semaine dernière encore la juge Arenas. Des recours qui n’ont pas abouti.

Mis à jour à 22 h 06 avec l’annonce de l’appel par l’avocate de la plaignante.