A quoi ressemble un homme sur le point de confesser son crime ? Celui qui, spontanément et en quelques mots, va faire son lit en prison ? «Il était calme», affirme l’enquêteur, à la barre, avant de revenir sur ce 3 mars 2019 quand un Berlingo blanc s’est arrêté devant la gendarmerie de L’Ile-Rousse avec à son bord un quadragénaire au crâne rasé et à la silhouette musclée. Son regard s’est d’abord posé sur le jean taché de sang, puis sur la boîte à chaussures que l’inconnu tenait entre ses mains : elle contenait un pistolet semi-automatique Glock 17 et dix cartouches. Quand la garde à vue a commencé, ce ne sont pas des aveux que le gendarme a recueillis, mais un compte à rebours, comme si le geste était inéluctable. «Je pense que j’ai été écœuré le vendredi, j’ai été décomposé le samedi et, le dimanche, il s’est passé ce qui s’est passé», a résumé le suspect, désormais assis dans le box de la cour d’assises de Haute-Corse. Bruno Garcia-Cruciani doit répondre de l’assassinat de son ex-compagne, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Mais depuis quatre jours, l’ancien serveur de 44 ans s’agite, ponctue les débats de mouvements de dénégations ou expédie de cette même formule : «Il s’est passé ce qui s’est passé. J’assume, je prendrai une peine pour ça.»
A travers les