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Justice

Affaire Matzneff : poursuivies en diffamation par Christophe Girard, six militantes féministes relaxées

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé ce vendredi 17 mai six féministes, dont l’élue écologiste Alice Coffin, dans leur procès pour diffamation et injure publique intenté par l’ex-adjoint à la culture de la maire de Paris Christophe Girard, brocardé pour ses liens avec l’écrivain Gabriel Matzneff.
Lors d'un rassemblement à Paris, le 2 février 2021 pour demander la démission de Christophe Girard, l’ancien adjoint à la culture d’Anne Hidalgo, suite à des révélations sur ses liens avec Gabriel Matzneff. (Marie Rouge/Libération)
publié le 17 mai 2024 à 16h59

Deux élues, trois militantes et un militant féministes finalement relaxés. Ils étaient poursuivis par Christophe Girard, pour des publications sur X (anciennement Twitter) en juillet 2020 dénonçant les liens de l’ex-adjoint à la culture à la mairie de Paris avec Gabriel Matzneff, accusé de pédocriminalité. Le tribunal correctionnel de Paris a finalement décidé de relaxer les six féministes ce vendredi 17 mai dans l’après-midi. Néanmoins, le tribunal de Paris a rejeté la demande de dédommagement de la part des avocats de la défense.

Les six militantes étaient poursuivies par Christophe Girard, 68 ans, pour des propos ou des visuels relayés sur les réseaux sociaux comme «Mairie de Paris, pas d’adjoint à la culture du viol» ou «Girard à la culture ? HLM, prix, pension, honneur pour les pédos». Selon le tribunal, les propos «Mairie de Paris, pas d’adjoint à la culture du viol», étaient présentés sous l’aspect d’un jeu de mots et ne dépassent pas les limites admissibles de la liberté d’expression.

«Je prends connaissance avec surprise et étonnement du cynisme du jugement», a réagi Christophe Girard. Le conseiller municipal du XVIIIe arrondissement s’étonne de voir que l’association de son nom à la «culture du viol» soit un «jeu de mots». Avant d’asséner : «Les élus ne sont pas des humoristes».

Au cours des audiences du 14 et 15 mars dernier, les féministes avaient dénoncé à l’unisson une «procédure bâillon» menée pour les faire taire. Un qualificatif récusé par l’avocate de Christophe Girard. L’ex-adjoint d’Anne Hidalgo a annoncé dans la foulée qu’il allait faire appel de cette décision.

«Une énorme pensée pour toutes les victimes de Gabriel Matzneff».

L’affaire Christophe Girard avait éclaté quelques mois après la sortie du livre Le Consentement en janvier 2020, écrit par Vanessa Springora, dans lequel elle racontait la relation sous emprise vécue, à l’âge de 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff qui en avait 50.

A la sortie de la salle d’audience ce vendredi, c’est le soulagement. «Ça va beaucoup mieux», a assuré Raphaëlle Rémy-Leleu. «Ça a été une séquence politique, puis judiciaire extrêmement longue, extrêmement coûteuse, extrêmement éprouvante», a poursuivi l’élue écologiste de Paris, soulignant avoir «une énorme pensée pour toutes les victimes de Gabriel Matzneff». Quant à Alice Coffin, elle a estimé que cette relaxe était «évidente» mais la journaliste de formation s’est dite en «colère» et dénonce des frais d’avocats «pour notre pomme», qui se chiffrent, selon elle, en milliers d’euros. L’élue écolo de la capitale s’inquiète ainsi du signal envoyé à toutes celles et ceux qui souhaiteraient porter «la voix contre les violences pédocriminelles dans cette société».