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Libération
Coup de théâtre

Affaire Mis et Thiennot : la Cour de révision saisie 73 ans après les condamnations

La commission d’instruction a décidé jeudi 5 octobre de renvoyer vers la Cour de révision le dossier Raymond Mis et Gabriel Thiennot, 73 ans après la condamnation de ces deux hommes pour le meurtre d’un garde-chasse en 1946, ont annoncé les avocats des familles des deux hommes, décédés respectivement en 2009 et 2003.
Les deux accusés pour le crime d'un garde-chasse en 1946, Raymond MIS et Gabriel THIENNOT condamnés à 15 ans de travaux forcés en 1950. (Patrice Cotteau/Gamma-Rapho)
publié le 5 octobre 2023 à 17h05

Se dirige-t-on vers la fin d’un combat judiciaire et familial commencé il y a plus de 70 ans ? Voilà des années que Thierry Thiennot espère restaurer l’image de son père, Gabriel Thiennot et celle de son ami, Raymond Mis, condamnés en 1950 pour le meurtre d’un garde-chasse quatre ans plus tôt. Alors que les deux hommes sont morts respectivement en 2003 et 2009, la commission d’instruction a décidé, jeudi 5 octobre de renvoyer leur dossier vers la Cour de révision, ont annoncé les avocats de leurs familles. «C’est bon !», s’est exclamé en larmes Thierry Thiennot, ajoutant : «On n’est plus qu’à une marche de la victoire». C’est la septième fois qu’une requête en révision était déposée dans ce dossier.

En juillet 1950, Raymond Mis et Gabriel Thiennot ont été condamnés à quinze ans de travaux forcés pour le meurtre d’un garde-chasse dans l’Indre, fin 1946. Âgés de 21 et 20 ans au moment des faits, ils étaient passés aux aveux avant de se rétracter. Les avocats des familles ont toujours soutenu que leurs aveux avaient été obtenus sous la torture. La loi «pour la confiance dans l’institution judiciaire», votée en 2021, incluait un amendement permettant d’annuler des aveux recueillis «à la suite de violences exercées par les enquêteurs». La Cour de révision se réunira à une date qui reste à préciser.

«Sans faire de distinction»

Pour la première fois, a souligné Me Jean-Pierre Mignard, qui représente l’une des familles, la commission «partage notre point de vue et le même regard sur cette longue affaire sans faire de distinction entre les deux» condamnés. Lors de l’audience, en juin 2022, l’avocat général avait estimé que si des preuves de torture existaient pour Raymond Mis, elles n’étaient pas flagrantes pour Gabriel Thiennot.

Les deux hommes ont été graciés en 1954 par le président René Coty, mais cette grâce ne vaut pas annulation de leur condamnation. Dans un long combat contre une «erreur judiciaire», poursuivi à leur mort par leurs proches, six précédentes demandes en révision ont été déposées depuis 1980, et toutes rejetées, la dernière en 2015.