Plusieurs personnes de l’entourage de Philippe Caubère ont été interpellées et placées en garde à vue ce mardi 7 octobre, révèle le Monde. Selon les informations du quotidien, confirmées par Libé auprès du parquet de Créteil, l’ancienne avocate de l’homme de théâtre de 75 ans, Marie Dosé, ainsi que «deux proches de Philippe Caubère» sont entendus la Sûreté territoriale du Val-de-Marne, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en avril pour «altération de document ou objet concernant un crime ou un délit pour faire obstacle à la manifestation de la vérité». D’après le Monde, il s’agit du frère et de l’épouse de l’artiste. Contactée ce mardi matin, Marie Dosé était indisponible.
Enquête
Tous les trois sont notamment interrogés sur la disparition, en 2018, de l’ordinateur personnel de Philippe Caubère, «qui aurait contenu des éléments compromettants pour ce dernier», selon le Monde. Le septuagénaire est mis en examen depuis février 2024 pour agressions sexuelles, viols et corruption de mineur, pour des faits présumés sur trois mineures, qui se seraient déroulés entre 2010 et 2022.
«Autant pour la protéger elle que toi»
Nos confrères indiquent que l’information judiciaire précédemment citée, et portant sur une altération de document, trouverait sa source dans une pièce du dossier principal qui, lui, concerne les violences sexuelles pour lesquelles l’artiste est mis en cause. Dans ce courriel en date de juin 2021, Philippe Caubère aurait reproduit un message de son avocate de l’époque, évoquant d’après le quotidien une «décision de planquer [son] ordinateur». «Tu voulais que cette histoire s’arrête. Lorsque j’ai pris la décision de planquer l’ordinateur et que tu m’as suivie dans cette décision, c’était autant pour la protéger elle que toi. Non, c’était surtout pour la protéger elle», aurait écrit Marie Dosé à son client, dans un texte rapporté par le Monde.
L’appareil pourrait avoir été celui que le comédien utilisait lors de la première plainte pour viols le visant, déposé par une femme en 2018 pour des faits survenus en 2010, poursuit le quotidien. Contactée par l’AFP, Me Fanny Colin, l’actuel conseil du comédien, n’a pas souhaité faire de commentaire au sujet de cette procédure – Marie Dosé s’est retirée du dossier au début de 2024, rappelle le Monde.
«Emprise»
Cette première plainte avait été déposée contre Philippe Caubère en mars 2018. La comédienne Solveig Halloin accusant le metteur en scène de l’avoir violée en mars 2010 à Béziers (Hérault), alors qu’elle avait 35 ans. Lui, a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec la plaignante, mais dément tout viol. Cette plainte sera classée sans suite en février 2019. Le parquet avait indiqué qu’«aucun élément» ne permettait «de corroborer les déclarations de la plaignante sur l’absence de consentement». Et Solveig Halloin a été condamnée en septembre 2021 pour diffamation, condamnation incluant le versement de 1 000 euros «en réparation du préjudice moral» de l’artiste.
En janvier, Agathe Pujol et Pauline Darcel, deux autres plaignantes, ont raconté dans nos colonnes les violences sexuelles et «l’emprise» que Philippe Caubère leur aurait fait subir entre 2010 et 2022. Elles accusent le comédien de viols alors qu’elles étaient mineures. Lui «réfute avoir imposé le moindre acte sexuel». En mars, plusieurs procès-verbaux d’audition du comédien ont été annulés par la justice, en raison d’un «comportement déloyal» des enquêteurs qui l’avaient interrogé lors d’une garde à vue de février 2024.
En septembre, Mediapart a révélé que l’enquête visant Philippe Caubère avait été élargie à des faits de proxénétisme. Le parquet de Créteil avait alors confirmé à Libération qu’«un réquisitoire supplétif du 8 juillet 2025 a saisi le juge d’instruction de faits de proxénétisme», et indiqué la poursuite des investigations.
Le metteur en scène avait reconnu en janvier 2024 dans un communiqué avoir eu une relation intime pendant quatre mois en 2012 avec une mineure âgée de 16 ans, une relation selon lui consentie.
Mise à jour à 15 h 24 avec ajout de contexte