Combien sont-elles ? Cette question, on se la pose depuis la première plainte pour viols contre Patrick Poivre d’Arvor déposée par Florence Porcel en février 2021. Et il semblerait que, malheureusement, nous soyons encore loin d’avoir tout lu et entendu au sujet de l’affaire PPDA.
En novembre 2021, lorsque Libération donne la parole à huit femmes témoignant de viols, agressions sexuelles et de harcèlement, elles sont alors 23 à avoir parlé à la police des agissements de l’ex-vedette du 20 Heures de TF1. Depuis, les témoignages n’ont jamais cessé. Le plus souvent, les femmes choisissent de parler en leur nom et à visage découvert pour répondre à celui qui a osé dénoncer leur «anonymat».
Libération publie trois nouveaux récits. Cette fois-ci, les agissements décrits ont lieu dans le monde de l’édition. Présentateur de Vol de nuit et auteur d’une soixantaine d’ouvrages, Poivre y régnait aussi en maître. Et ce sont les rires et les «tout le monde le sait» qui ont d’abord accueilli la parole de ces femmes. Désormais, chacun de ces témoignages s’accompagne d’une action en justice. Deux plaintes : une pour viol, l’autre pour agression sexuelle. Et un signalement pour viol auprès du procureur de la république.
«Officiellement», PPDA est accusé par une trentaine de femmes. Mais alors qu’elle publie un livre sur l’intouchable présentateur, l’inaction de TF1 et le système de «silenciation» des victimes, l’ex-journaliste Hélène Devynck donne un chiffre plus énorme encore : «Nous avions reçu 60 témoignages quand j’ai fini le livre. On est aujourd’hui à 90 récits récoltés», confie-t-elle à Libération.
Tous les faits semblent prescrits. Mais comme Hélène Devynck, qu’elles soient une comme des centaines, ces femmes demandent et exigent la fin de l’impunité. Que la justice fasse quelque chose contre l’homme de 74 ans qui nie et les attaque en retour. Grâce à leurs témoignages toujours plus nombreux, elles ont déjà réussi à faire en sorte que l’enquête change d’approche. Les juges analysent désormais les accusations dans leur ensemble afin de déterminer un éventuel caractère sériel. Cela permettrait alors de contourner la prescription : elles ont assez attendu.