Le visage poupon et souriant qui figure sur son mandat d’arrêt contraste avec la gravité des charges qui pèsent contre lui. Mis en examen depuis deux ans à Paris pour association de malfaiteurs, fourniture de solution de cryptologie sans déclaration conforme et blanchiment, réclamé à la fois par la France et les Etats-Unis, le Canadien Jean-François Eap, 39 ans, est soupçonné d’être «au centre d’une nébuleuse criminelle internationale» où s’entremêlent meurtres, corruption et trafic de drogues – de quoi risquer jusqu’à trente ans de prison, si jamais il était un jour jugé et extradé. En cause : Sky ECC, la messagerie cryptée qu’il a fondée au Canada au milieu des années 2010, devenue le moyen de communication privilégié des plus gros criminels de la planète jusqu’à son démantèlement en mars 2021.
Depuis, le «craquage» de l’appli, qualifiée de véritable «boîte noire» du narcotrafic par les polices européennes, a permis la plus grosse fuite de données de l’histoire du crime organisé, entraînant l’ouverture de centaines d’enquêtes pénales ainsi que la saisie massive de drogue et d’armes. Ainsi, le milliard de messages interceptés a levé le couvercle sur des affaires vertigineuses à travers la planète – de la «Maison de l’Horreur» d’un sanguinaire ga