Menu
Libération
A la barre

Affaire Sophie Le Tan: «Si j’avais prémédité, croyez-vous que j’aurais mis une annonce sur Le Bon Coin?»

Article réservé aux abonnés
A l’issue d’une semaine d’audience, Jean-Marc Reiser, accusé de l’assassinat de l’étudiante de 20 ans, en 2018, a été interrogé par la cour d’assises du Bas-Rhin. Il s’en est tenu à des aveux a minima, évoquant «un incident» voire un «malheureux hasard».
A la Cour d'assises du Bas-Rhin à Strasbourg lundi, pour l'ouverture du procès de Jean-Marc Reiser dans l'affaire Sophie Le Tan. (Pascal Bastien/Libération)
publié le 1er juillet 2022 à 21h43

Cela fait trente ans qu’Alain G., 66 ans, va chercher des champignons dans la forêt de Rosheim, à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg. Il en connaît le moindre recoin, sait sonder l’humeur de la terre et pronostiquer la récolte à venir en quelques secondes. Le 23 octobre 2019, vers 9h30, il est passé chercher sa fille, gendarme, puis ils ont commencé à remplir leur panier. «Vous en ramassiez un et puis un autre, et puis un autre», s’exalte-t-il encore à la barre de la cour d’assises du Bas-Rhin, dans son tee-shirt jaune fluo, banane sur la hanche. Puis de continuer, soudain sérieux : «Ce sont les champignons qui m’ont amené jusqu’au crâne. Vous savez, je suis croyant, je lui ai demandé ce qu’il faisait là, où était le reste ?» Sa fille a plutôt donné l’alerte. Voilà comment Alain G. s’est retrouvé parmi les uniformes sur son terrain de chasse aux champignons devenu scène de crime, à fureter dans les branchages pour tenter de trouver «le reste». Mais rien. Alors il a repris sa voiture, décidé à poursuivre la cueillette vers le rucher – «c’est juste baraque» – situé 450 mètres plus loin. Là, il a tout de suite vu «l’humérus», puis le «thorax» dans une «sorte de fosse». Il a rappelé les gendarmes.

Ce jour d’octobre, le corps de Sophie Le Tan, qu’aucune battue citoyenne ou policière n’avait jusqu’alors découvert, a ainsi surgi d’entre les bois. Par un coup du hasard et d’un acharné des champignons.