Les juges ont décidé de reporter l’audience au 9 janvier 2025, afin de laisser une opportunité à Stéphane Plaza, absent à son propre procès, de pouvoir répondre à leurs questions. Le présentateur de Recherche appartement ou maison, entre autres, sur M6, devait comparaître ce mercredi 28 août après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris pour «violences habituelles physiques et / ou psychologiques par concubin» entre août 2018 et avril 2022 sur l’une de ses anciennes compagnes, ainsi que pour des «violences habituelles psychologiques par concubin» sur une autre femme entre décembre 2021 et septembre 2022. Mais la «psychologue clinicienne» de l’animateur lui a «fortement déconseillé» de se rendre au tribunal «compte tenu du risque de décompensation psychologique» ont expliqué ses avocats devant la cour.
Ils ont, pour cette raison, plaidé en faveur du report de l’audience – comme la loi le prévoit, si le prévenu ne peut comparaître et que le juge estime sa présence nécessaire, ce dernier peut faire une demande de renvoi. Me Hélène Plumet, avocate de l’animateur, a assuré que son client «souhaite être présent à l’audience», mais que la «médiatisation de cette affaire l’a fragilisé», évoquant une potentielle hospitalisation dans les prochaines heures. En «laissant un peu de temps, on peut espérer qu’il soit apte» à comparaître, a-t-elle estimé. Elle a notamment cité des angoisses, des troubles du sommeil et des idées noires, qui ont entraîné une altération sérieuse de son état de santé lié au «lynchage médiatique» dont il fait l’objet, notamment «les articles récurrents de Mediapart».
«Inversion des rôles»
Une «inversion des rôles, schéma assez classique dans les affaires de violences conjugales», a répondu Me Benjamin Chouai, avocat d’une des plaignantes, après avoir ironisé, «la prochaine fois, il faudrait qu’il s’asseye aux côtés des plaignantes». Il a également déploré les méthodes de ses confères défendant Plaza, notamment des dossiers de plus de cent pages reçus la veille ou le matin même. Après avoir délibéré, le tribunal a décidé de reporter les débats au 9 janvier 2025.
Avant de prendre cette décision, les juges ont également écarté deux questions prioritaires de constitutionnalité, notamment sur le mode de calcul des ITT, que Me Plumet et son confrère Me Carlo Alberto Brus avaient annoncé au Parisien la veille. C’est d’ailleurs par voie de presse que le procureur a appris l’existence de la procédure. De quoi valoir aux deux plaideurs de plus amples critiques, cette fois de la part des juges, qui ont qualifié ces méthodes de «peu respectueuses du principe judiciaire». De leur côté, les avocats des plaignantes ont qualifié cette procédure de «dilatoire», estimant qu’elle avait pour objectif «que le procès ne se tienne pas» – puisque, si la question était valide, cela aurait renvoyé l’audience à une date ultérieure.
Enquête
Le journal d’investigation Mediapart avait révélé en septembre 2023 les témoignages de ses anciennes compagnes des faits d’«humiliations, menaces, violences verbales et, pour deux d’entre elles, physiques». «Il s’est levé d’un coup et s’est mis à me hurler dessus, à quelques centimètres de mon visage, racontait une de ses compagnes à Mediapart. Par réflexe de défense, j’ai mis les mains devant moi, à hauteur de mon torse. Il a alors saisi ma main au niveau des doigts et les a retournés avec violence. J’ai hurlé de douleur. Trois de mes doigts pendaient, ils sont devenus rapidement violets et gonflés.»
Me Plumet avait alors répondu qu’il s’agissait d’accusations mensongères et «fantaisistes», et que «la plupart de ces allégations ne sont pas étrangères à trois femmes qu’il a fréquentées et qui, finalement éconduites, se sont liguées contre lui pour lui porter préjudice par tous les moyens». En octobre, deux d’entre elles ont déposé plainte devant la justice, entraînant l’ouverture d’une enquête qui débouche sur un procès.
Toujours programmé sur M6
L’audience du 9 janvier permettra donc à Stéphane Plaza de répondre aux accusations de ces deux femmes, qui se sont vues toutes les deux prescrire plus de huit jours d’incapacité totale de travailler (ITT). La première dénonce des violences physiques, ayant notamment entraîné une fracture au doigt et la luxation de deux autres, la seconde des violences psychologiques. Elles affirmaient toutes deux – ainsi que la troisième femme témoin de Mediapart – avoir eu peur pour leur intégrité physique.
Tribune
Malgré les révélations médiatiques sur Stéphane Plaza, que ce soit sur le plan des violences conjugales ou de son comportement au travail, l’animateur est toujours programmé sur M6, notamment dans l’émission Maison à vendre. Le lendemain de la parution de l’article Mediapart, la chaîne avait annoncé entamer une enquête interne. Le but : «faire remonter certains points qui ne l’auraient pas été. Il s’agit d’une procédure RH classique», déclarait un responsable du groupe. Pour l’instant, aucune déprogrammation ni de rupture de contrat n’a été annoncée concernant Stéphane Plaza. «Je suis marié à Nicolas de Tavernost», le patron de M6, déclarait l’animateur en mai 2023.
Mise à jour : à 18 h 36, renvoi de l’audience au 9 janvier 2025.