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Violences

Affaire Théo Luhaka : des associations appellent à «des réformes» dans la police «pour que cela ne se reproduise plus»

SOS Racisme et Amnesty International demandent au ministère de l’Intérieur de tirer des leçons après la condamnation vendredi 19 janvier de trois policiers pour avoir grièvement blessé le jeune homme lors de son interpellation en 2017.
Théo Luhaka au tribunal de Bobigny, le 19 janvier 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 20 janvier 2024 à 8h45

Contrôles au faciès, préjugés récurrents, manque de formation des agents… Si l’association SOS Racisme s’est félicitée vendredi 19 janvier au soir de la condamnation de trois policiers pour avoir grièvement blessé Théo Luhaka lors de son interpellation en 2017, elle a surtout appelé à des évolutions à la suite de cette affaire. «Cette histoire de violence policière à l’endroit d’un jeune doit désormais, au-delà du débat judiciaire et du verdict qui vient d’en découler, amener le ministère de l’Intérieur à enfin ouvrir un débat et engager des réformes pour que cela ne se reproduise plus», déclare SOS Racisme dans un communiqué.

«Ce qui s’est passé est le fruit de préjugés non dénués de racisme, d’une philosophie du maintien de l’ordre fondé sur la confrontation, du manque de formation des policiers et des défaillances de l’encadrement au sein de la police nationale», ajoute l’association.

Les trois policiers ont été condamnés à des peines allant de trois à douze mois de prison avec sursis vendredi par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis pour l’interpellation violente en 2017 de Théo Luhaka, jeune homme noir érigé en symbole des violences policières. Il avait été grièvement blessé à l’anus par un coup de bâton télescopique de défense.

A l’issue du verdict, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, a déclaré sur BMFTV : «Ce procès aurait dû être l’occasion d’ouvrir un débat plus large sur ces faits de violences policières, sur le caractère dysfonctionnel de la police dans les quartiers populaires et auprès des jeunes des quartiers populaires notamment lorsqu’ils sont noirs et arabes.»

Amnesty International a de son côté appelé, dans un communiqué, les autorités françaises à «respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains» et notamment à «s’attaquer au problème des contrôles au faciès». L’ONG de défense des droits de l’homme rappelle qu’elle «dénonce depuis plusieurs années les contrôles d’identité discriminatoires qui constituent une pratique connue et documentée en France».

Pour Amnesty, «les contrôles abusifs constituent une forme de racisme institutionnel, qui débouche dans de trop nombreux cas sur des violences physiques de la part de la police voire la mort de certaines personnes contrôlées».

Le 2 février 2017, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les policiers de la brigade spécialisée de terrain (BST) avaient décidé d’effectuer un contrôle sur un groupe d’une dizaine de jeunes dans la cité des 3 000. Ce contrôle avait dégénéré jusqu’à l’interpellation violente de Théodore Luhaka, 22 ans.