La lecture des faits commence comme l’incipit d’un roman, un polar où l’on passerait de la table familiale à la fable de spoliation, une «histoire d’héritage et de lingots», selon les mots de Karine Laborde, la présidente de la cour d’assises de Loire-Atlantique. Et puis, à mesure que l’on se rapproche du crime, le champ lexical change. Jusqu’au basculement dans la «violence sanglante», le «couteau de cuisine», «les corps dépouillés de leur peau et morcelés». Ce 17 février 2017, une famille entière a été tuée à Orvault – Pascal, employé dans une entreprise d’enseignes sur mesure, son épouse, Brigitte, qui travaillait au centre des impôts de Nantes, et leurs deux enfants, Charlotte 18 ans et Sébastien, 21 ans – sans qu’il n’en reste rien, sinon des lambeaux de chair entre les ronces.
A lire aussi
Dans le box des accusés, Hubert Caouissin, 51 ans, jugé pour ce quadruple meurtre ne bronche pas, comme momifié dans son polo bleu. A quelques mètres de lui, son ex-compagne, Lydie Troadec, 52 ans qui répond de «recel de cadavres et modification des preuves d’un crime» écoute tout aussi attentivement. La salle d’audience du palais de justice de Nantes est un écrin aux murs couleur sang. Tout ce qui résonne, c’est l’horreur des faits. Tout ce que l’on voit, c’est la banalité de ce couple, comme égaré dans un box vitré. «Avez-vous donné volontairement la mort à Pascal, Brigitte, Charlotte et Sébastien ?» questionne la présidente. «Non», répond H