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Justice

Agde : le maire qui affirme avoir été piégé par une médium maintenu en détention

La détention provisoire de Gilles d’Ettore, mis en examen pour «prises illégales d’intérêts et corruption», a été maintenu par la cour d’appel de Montpellier ce vendredi 5 avril. Le maire d’Agde affirme avoir été piégé par une médium.
Gilles d’Ettore, maire d’Agde, affirme avoir été piégé par une médium. (Patrick Aventurier/SIPA)
publié le 5 avril 2024 à 10h16
(mis à jour le 5 avril 2024 à 10h52)

Déception pour Gilles d’Ettore. La détention provisoire du maire Les Républicains d’Agde, dans Hérault, mis en examen pour «prises illégales d’intérêts et corruption», a été confirmée par la justice, a indiqué ce vendredi 5 avril son avocat, Jean-Marc Darrigade.

L’élu avait demandé mardi sa remise en liberté, affirmant avoir été piégé par une médium. «Bien entendu, la défense est déçue puisqu’il s’agit de maintenir en prison un homme de 55 ans, jamais condamné, père de famille, maire d’une commune depuis 23 ans, président d’une agglomération, et qui a répondu à toutes les questions qui lui étaient posées au cours des sept auditions d’une éprouvante garde à vue de 48 heures», a commenté l’avocat de Gilles d’Ettore. «Maintenant, il faut rester combatif, espérer que le juge d’instruction le convoque au plus vite pour recueillir ses explications complémentaires et solliciter ensuite d’être remis en liberté», a ajouté le conseil.

L’audience s’est tenue à huis clos afin d’écarter tout risque de «pression», de «concertation» et de «collusion».

Des talents cachés de ventriloque

L’autre personnage clef de cette affaire rocambolesque, également en détention provisoire depuis 12 jours, est une femme de 44 ans qui se présente comme voyante, médium et «guérisseuse». En modifiant sa voix, cette mère de famille aux talents cachés de ventriloque aurait réussi à placer des proches sous emprise, dont le maire d’Agde, afin de leur faire croire qu’ils étaient «en conversation avec un être surnaturel provenant de l’au-delà», avait expliqué le procureur de Béziers, Raphaël Balland.

Elle aurait en particulier utilisé ce stratagème pour inciter Gilles d’Ettore, ancien député UMP, à «se soucier du bien-être de cette femme, y compris matériellement», a précisé le procureur. «Gilles d’Ettore est effectivement mis en examen, c’est un fait, mais il est d’abord et avant tout victime des agissements frauduleux de cette femme», a estimé devant la presse son avocat, Jean-Marc Darrigade.

S’il a concédé devant les enquêteurs «qu’effectivement l’influence de cette femme a pu lui faire commettre quelques manquements», Gilles d’Ettore «conteste évidemment» que des «centaines de milliers d’euros d’argent public aient été détournés», a ajouté l’avocat. Quant à ses mandats à la tête de la ville et de l’agglomération d’Agde, la question ne pourra «se poser que quand il pourra se concerter avec son conseil municipal», ce qui n’est pas possible tant qu’il est en détention, a expliqué Me Darrigade, selon qui de nouveaux «rebondissements» sont possibles.

Samedi, le parquet de Béziers avait indiqué que «deux cadres importants» du groupe de BTP Eiffage «soupçonnés d’avoir participé au financement occulte de travaux effectués au domicile» de la médium ont été mis en examen des chefs «d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux». Le premier a été placé en détention provisoire, son subordonné sous contrôle judiciaire, avait-il précisé.

Mise à jour à 10h52, Gilles d’Ettore est maintenu en détention.