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Violences

Agression à Paris : Darmanin dénonce un acte antisémite et annonce une surveillance accrue

Un homme de 62 ans, porteur d’une kippa, a été agressé vendredi à la sortie d’un centre communautaire juif. Une enquête a été ouverte et le ministre de l’Intérieur a averti les préfets du niveau élevé de la menace terroriste.
Gérald Darmanin lors de la cérémonie de remise des diplômes aux élèves-officiers de la police nationale, à l'Ecole supérieure de la police nationale à Cannes-Ecluse, au sud de Paris, le 28 février 2024. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 3 mars 2024 à 20h16

C’est «un acte inqualifiable», «une nouvelle agression antisémite», a dénoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, samedi soir sur X (ex-Twitter), dans le contexte inquiétant d’une recrudescence d’actes visant la communauté juive. Il était 17h30, ce vendredi 1er mars, lorsqu’un homme de 62 ans, sortant d’une synagogue du XXe arrondissement de Paris, a été agressé par un individu, a confirmé une source policière à Libération. La victime portait une kippa lorsque cet homme lui a porté des coups, qui l’ont fait chuter au sol et lui ont fait brièvement perdre connaissance.

Dans un témoignage donné ce dimanche à BFMTV, l’homme raconte avoir été abordé par un individu «un peu excité». «C’est toi qui tues les gens à Gaza ?» l’a-t-il interpellé avant de lui asséner «des coups de poing et un coup de tête» à la suite desquels il a perdu connaissance. Un témoin de la scène aurait rapporté avoir entendu le mis en cause insulter le sexagénaire de «sale juif», selon le parquet de Paris contacté par Libé. Une enquête a été ouverte pour «violence suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion». Les investigations ont été confiées au commissariat du XXe arrondissement. «Tout est mis en œuvre pour retrouver l’auteur de cet acte inqualifiable», assurait également Gérald Darmanin dans son tweet. L’auteur des faits, en fuite, n’était toujours pas interpellé dimanche en fin d’après-midi.

«Pas tomber dans la psychose»

«C’est un acte inadmissible. Nous sommes clairement face à une agression antisémite. Ce monsieur du quartier a été agressé parce que juif», réagit auprès de Libération le maire du XXe arrondissement, Eric Pliez (Paris en commun). Pris en charge par les secours, le sexagénaire est ressorti de l’hôpital le soir même, selon l’édile, avec «une fracture du nez et une dent cassée». Dans cet arrondissement populaire et multiculturel de l’Est parisien, «où tout le monde vit en harmonie», ce type d’acte est «très inhabituel». Depuis le massacre du 7 octobre et le conflit sanglant entre Israël et le Hamas, c’est «le seul incident grave» à déplorer dans l’arrondissement, assure Eric Pliez. Qui mentionne toutefois cet incident, survenu fin octobre 2023 : la porte incendiée d’un couple de retraités de confession juive, sur laquelle était accrochée une mézouzah (petit objet de culte juif). «Ce sont des signaux sur lesquels il faut être très attentifs. Nous allons redoubler de vigilance et de prudence, même s’il ne faut pas tomber dans la psychose», conclut Eric Pliez.

Cette agression vient néanmoins renforcer un sentiment d’anxiété largement partagé au sein de la communauté juive, ces derniers mois. Contactée par téléphone, une habituée du centre communautaire se livre : «Malheureusement, ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Cela met toujours des frissons de voir ça, on se dit que c’est partout…» Mardi 27 février, à l’occasion de son audition sur le sujet devant la commission des lois du Sénat, Gérald Darmanin évoquait un «antisémitisme d’atmosphère», rapportant que la plateforme Pharos avait fait l’objet de «plus de 12 000 signalements» de contenus illicites depuis le 7 octobre.

«Présence policière et militaire»

«Je me sens humilié, je me sens rabaissé, a expliqué la victime dans son témoignage à BFMTV. J’ai plus mal de ça, que la douleur physique. J’en ai marre, je ne me sens pas en France. Ça me fait penser à la Seconde Guerre mondiale, un retour du nazisme. Un nouveau nazisme.»

Afin «de lutter contre les actes antisémites» et plus largement «les actes antireligieux», Beauvau a annoncé un renforcement de ses actions, parmi lesquelles une «présence policière et militaire 24 heures sur 24 sur l’intégralité des lieux de culte juifs, mais aussi devant les écoles et les commerces». Vendredi, le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs transmis une note aux préfets dans ce sens, «compte tenu du niveau élevé de la menace terroriste qui continue de peser sur notre pays et des tensions au Proche-Orient, qui ont connu une brutale augmentation ces derniers jours».