La garde à vue de l’agresseur d’Yvan Colonna a été levée dimanche et une information judiciaire va être ouverte pour «tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste», a annoncé le procureur national antiterroriste lors d’une conférence de presse.
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Le parquet va requérir sa mise en examen pour ces chefs et son placement en détention provisoire, a indiqué Jean-François Ricard, qui a souligné qu’il s’agissait du «cinquième» crime terroriste commis dans un établissement pénitentiaire en France depuis 2016.
L’enquête s’attachera à «retracer avec la plus grande minutie le parcours en détention» de l’agresseur, «déterminer la totalité de ses contacts notamment parmi les personnes partageant son idéologie» et «éclaircir les éventuelles interactions […] susceptibles d’avoir joué un rôle dans les faits», a précisé Ricard. Jeudi, Libé révélait que Franck Elong Abe, l’agresseur présumé était inscrit au répertoire des «détenus particulièrement signalés». «On est face à un dysfonctionnement manifeste», protestait alors Patrice Spinosi, conseil de la famille d’Yvan Colonna, qui égrainait ses interrogations : «Comment un détenu DPS peut-il accéder à un poste d’auxiliaire, alors même qu’il s’agit d’un poste de confiance ? Comment deux DPS, dont un considéré comme particulièrement dangereux, peuvent-ils se retrouver seuls, sans surveillance ?»
Une agression à cause de «blasphèmes»
Le procureur national antiterroriste a confirmé que Franck Elong Abe, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme», avait lors de sa garde à vue expliqué son acte «par ce qu’il considérait comme des blasphèmes» proférés ces derniers mois par Yvan Colonna. Ce dernier aurait notamment déclaré quelques jours avant l’agression qu’il «crachait sur Dieu», selon Ricard.
Retraçant minute par minute le déroulement de l’agression mercredi matin, le procureur a déclaré que «l’acharnement systématique déployé par le mis en cause» ne laissait «que peu de doutes sur son intention homicide». Alors qu’Yvan Colonna et l’agresseur étaient seuls dans une salle de musculation, Elong Abe lui aurait sauté dessus à pieds joints, aurait maintenu son pied plus d’une minute au niveau de sa carotide, avant de mettre sa tête dans un sac plastique, précisait une source pénitentiaire interne à Libé la semaine dernière. Le pronostic vital du militant indépendantiste corse, qui se trouve depuis dans le coma, est à cette heure «toujours engagé», a par ailleurs indiqué Jean-François Ricard.