C’est une condamnation symbolique, alors que les révélations de violences sexuelles et physiques dans l’enseignement catholique, déclenchées par l’affaire Bétharram au début de l’année, se succèdent. Vendredi 6 juin, l’ancien directeur de l’établissement parisien Saint-Jean-de-Passy, Daniel Chapellier, a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur un élève de 14 ans, et condamné à cinq ans de prison avec sursis par le tribunal de Nanterre.
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Au cœur des débats, un quasi-huis clos dans le bureau du directeur de cet établissement réputé de Paris : l’adolescent accuse le responsable de l’avoir agressé sexuellement, alors que ce dernier assure que c’est l’élève qui s’est exhibé devant lui.
«Vous devez être exemplaire»
Vendredi, lors de la deuxième journée d’audience, douze témoins cités par la défense de l’ex-directeur ont défilé à la barre vendredi. Un seul d’entre eux, une assistante de direction, a témoigné avoir vu l’adolescent, convoqué pour des problèmes scolaires, dans le bureau du directeur ce jour de février 2021, mais sans avoir rien constaté d’autre. D’autres, dont le fils du prévenu, sont venus réaffirmer à la barre leur confiance dans les qualités d’«éducateur» de Daniel Chapellier, réputé sévère voire autoritaire selon plusieurs témoignages.
Malgré cette série de témoignages en sa faveur, et le fait que l’accusé ait assuré de «son innocence absolue» à la barre, «le tribunal a considéré que la version de [la victime] était plus vraisemblable», a détaillé la présidente Céline Ballerini, évoquant des «faits particulièrement graves». «On n’est pas sur une agression sexuelle simple, parce que vous êtes précisément un directeur d’établissement, et que […] à partir du moment où vous êtes un éducateur vous devez être exemplaire», a poursuivi le tribunal.
Daniel Chapellier, 75 ans, a fait carrière dans des établissements privés sous contrat et a notamment dirigé le collège Stanislas, établissement accusé de dérives homophobes et sexistes ayant fait l’objet d’une enquête administrative en 2023.
Recherches sur des sites pornographiques
Les parents de l’adolescent, qui avait 14 ans au moment des faits, l’association de l’établissement privé parisien et l’association Innocence en danger ont été reçues en tant que parties civiles. Me Clotilde Lepetit, l’avocate du plaignant, a souligné que, comme lui, des anciens élèves d’établissements où a travaillé Daniel Chapellier ont également déclaré aux enquêteurs qu’il leur posait des questions liées à la sexualité lors d’entretiens dans le cadre scolaire.
Durant l’enquête, des recherches sur des sites pornographiques de termes comme «teen boys» («adolescents») ont été retrouvées sur le matériel informatique de Daniel Chapellier, qui assure qu’il cherchait simplement à comprendre ce que ses élèves regardaient.
Enquête
Cette condamnation et cette peine, dont son avocat Me Yassine Yakouti a annoncé immédiatement interjeter appel, vont au-delà des trois ans d’emprisonnement avec sursis requis par la procureure.
L’ex-directeur a également été condamné à une peine d’inéligibilité de cinq ans, une interdiction d’exercer une activité en lien avec les mineurs assortie de l’exécution provisoire et inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).